L'accompagnement post-institutionnel à l'issue d'un placement en institution publique de protection de la jeunesse : quels apports pour le jeune ?

Abstract

Introduction. En termes de délinquance juvénile, la réinsertion sociale semble être au centre du processus de désistance. Or, après plusieurs entretiens avec de jeunes délinquants ayant été placés précédemment, Maruna (2001) a pu constater que très peu de soutien leur avait été accordé lorsqu’ils avaient exprimé l’envie d’abandonner leurs activités délinquantes au profit de leur réinsertion. Mears et Travis (2004) soulignent l’importance des suivis post-placement, mais déplorent cependant leur absence de nombreuses institutions. Aujourd’hui, l’accompagnement post-institutionnel est généralisé à toutes les I.P.P.J. de Belgique depuis 2002 (Jaspart, 2015), mais que savons-nous des apports et limites de ce service ? Peu de recherches ont été menées à ce sujet, il nous a donc semblé essentiel d’étudier cette thématique. Objectif de la recherche. Le présent mémoire a pour objectif d’évaluer l’efficacité des interventions du service d’accompagnement post-institutionnel en partant de la perception du vécu des jeunes ayant été soumis à cette mesure par le juge de la jeunesse et des intervenants travaillant au sein de ce service. Méthodologie. Trois jeunes actuellement suivis par le service A.P.I. et cinq jeunes ayant bénéficié de ce service par le passé ont été rencontrés. Nous avons recueilli leur expérience de l’accompagnement au moyen d’un entretien semi-directif. Par ailleurs, trois intervenants du service A.P.I. se sont exprimés quant à leur perception de l’efficacité des mesures de suivis au moyen d’un entretien semi-directif également. Une analyse transversale a été réalisée permettant de mettre en lumière les similitudes entre les sujets actuellement suivis et les sujets anciennement suivis par le service. Résultats et conclusion. Les discours de nos trois groupes se rejoignent sur plusieurs points. Il ressort que l’alliance thérapeutique entre l’intervenant et le bénéficiaire est au centre du processus d’accompagnement et constitue l’élément le plus régulièrement cité lorsque nous évaluons l’efficacité de l’intervention. De plus, l’aide concrète permettant aux jeunes de réintégrer le système scolaire ou d’entamer une formation leur permettant de trouver un emploi est également un élément facilitant l’efficacité de l’accompagnement. Les facteurs individuels propres aux jeunes participants ont également été mis en évidence. Cette recherche est donc en accord avec les théories récentes dites intégratives concernant le processus de désistance et souligne la nécessité de s’intéresser au concept de désistance assistée.