Effets d’une exposition au Bisphénol A sur la puberté et le cycle oestral chez le rat : rôle du GPR151 et comparaison entre fenêtres d’exposition postnatale précoce et adulte

Abstract

Le début de la puberté est caractérisé par une activation de la sécrétion pulsatile de la GnRH qui culmine à la maturation des gonades. Les périodes prénatale et postnatale précoce sont particulières en raison de la mise en place de mécanismes adaptatifs à l’environnement. Parmi les facteurs environnementaux qui peuvent perturber la puberté on retrouve le bisphénol A (BPA). Une étude préliminaire du laboratoire du Prof. J.-P. Bourguignon (ULg) montre que l’exposition à une faible dose de BPA (25 ng/kg/j), durant les deux premières semaines de vie postnatale, augmente l’intervalle de sécrétion de la GnRH et retarde l’apparition de la puberté alors qu’une dose élevée (5 mg/kg/j) de BPA diminue l’intervalle de sécrétion de la GnRH, provoquant une puberté avancée. Une RNAseq montre que l'expression d'un certain nombre de gènes dans l’hypothalamus est modifiée après exposition au BPA. Parmi les gènes affectés le plus significativement et de manière opposée selon la dose, on trouve le GPR151, un gène orphelin homologue du récepteur de la galanine. Le but de ce mémoire est de déterminer les effets d’une exposition au BPA sur le cycle oestral et la sécrétion de la GnRH à l’âge adulte. En outre, nous déterminerons si le GPR151 reste influencé par le BPA au-delà de la période néonatale. A cette fin, on a réalisé une administration de BPA chez la rate adulte durant 15 jours dans les mêmes conditions de dosage qu’après la naissance. Les effets sur l’expression du GPR151 au niveau hypothalamique et pituitaire ont été étudiés à l’aide de la real-time PCR et d’immunohistologie. Les résultats ont montré que le BPA est capable d’affecter la sécrétion de la GnRH. Le cycle œstral et la maturation folliculaire étaient ainsi affectés manière significative. La sécrétion de la GnRH a été affectée de manière opposée en fonction de la dose. Le cycle œstral s’est révélé être perturbé par une diminution de la phase pro-œstrus et par une augmentation de la phase dioestrus. Au niveau ovarien, l’on a retrouve une atrésie précoce des follicules. En conclusion, les résultats ont montré que le BPA est capable de perturber des paramètres de l’ovulation à l’âge adulte, ainsi que de modifier la sécrétion pulsatile de la GnRH. Cette étude est la première à montrer un effet d’une dose aussi faible que 25ng de BPA sur la reproduction à l’âge adulte chez le rat femelle.