Mesurer l'envie de consommer dans une population de consommateurs non-dépendants : Comparaison de plusieurs outils

Abstract

En dépit des récentes études mettant en évidence l'implication du craving au sein des dépendances (Morissette, Ouellet-Plamondon, & Judas-Aswad, 2014 ; Stohs, Schneekloth, Geske, Biernacka, & Karpyak, 2019), la définition même de celui-ci reste floue à ce jour. D'abord considéré comme un phénomène conscient, nous savons aujourd'hui qu'il existe également une partie inconsciente au craving (Auriacombe, Serre, & Fatséas, 2016). Cette divergence au sein des connaissances pourrait s'expliquer par la difficulté à obtenir une mesure fidèle du phénomène (Ooteman & al., 2006). Au sein d'une population non-dépendante, notre étude a investigué cette question en comparant différents outils mesurant l'envie de consommer. Pour ce faire, nous avons recruté cinquante-deux consommateurs non-dépendants âgés de 18 à 35 ans étant soit des consommateurs « occasionnels », soit des consommateurs « à risque ». Après une immersion en réalité virtuelle contenant des indices liés à l'alcool, nous avons mesuré l'envie de consommer de manière implicite, via un test organoleptique et à l'aide des mesures autorapportées prises avant et après l'immersion virtuelle. Nous avons également évalué le sentiment de présence durant l’immersion et l’impulsivité afin de les mettre en lien avec le craving. Nos résultats montrent que les consommateurs « à risque » rapportent de plus haut scores au sein de l’AUDIT et de l’OCDS. Au sein des mesures de craving, une différence significative est retrouvée entre les groupes pour les mesures autorapportées pré et post expérimentales ainsi que pour la mesure de craving implicite (test organoleptique). Même si la mesure implicite de craving corrèle avec le craving post expérimental, les consommateurs « à risque » n’ont pas bu significativement plus des boissons lors du test organoleptique. De plus, la mesure post-pré expérimentale ne se différencie pas significativement entre les groupes. Il semble que notre environnement virtuel n’a pas permis d’induire plus de craving chez les consommateurs « à risque ». Le sentiment de présence durant l’immersion virtuelle ne se différencie pas de manière significative selon le type de consommateur. Au sein de l’UPPS, les consommateurs « à risque » présentent des scores plus élevés pour la dimension « manque de préméditation ».