Analyse des liens existant entre la régulation émotionnelle, les fonctions exécutives et mnésiques ainsi que les modifications comportementales dans la maladie d’Alzheimer

Abstract

La capacité à réguler ses émotions constitue une habileté nécessaire pour le bien-être et l’épanouissement de la personne, que ce soit au niveau personnel ou social. Cette capacité repose sur un ensemble de processus cognitifs et peut influencer en retour le bon fonctionnement desdits processus. De même, des relations entre la régulation émotionnelle et différents troubles comportementaux et neuropsychiatriques ont été démontrés. Cependant, cette capacité si importante pour le bien-être de l’individu a été peu investiguée chez les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, chez qui l’altération des fonctions cognitives et la présence de troubles comportementaux ont pourtant été maintes fois mises en évidence. Ainsi, la présente étude a pour objectif d’examiner les stratégies de régulation émotionnelle chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, en relation avec leur niveau de fonctionnement cognitif (exécutif et mnésique), d’une part, et avec l’étendue de leurs troubles comportementaux, d’autre part. Pour ce faire, nous avons comparé et mis en relation les stratégies de régulation émotionnelle, le fonctionnement cognitif et les troubles comportementaux de 20 patients ayant reçu le diagnostic de la maladie d’Alzheimer et de 20 sujets âgés sains appariés en fonction du sexe, de l’âge et du niveau socio-culturel. Nos résultats indiquent que les patients MA utilisent davantage des stratégies adaptatives que des stratégies non-adaptatives de régulation émotionnelle. En revanche, ils emploient plus rarement les stratégies telles que l’acceptation, la mise en perspective, la centration positive, la rumination et le blâme de soi que les sujets âgés sains. Ensuite, nous avons démontré que l’utilisation des stratégies cognitives de régulation émotionnelle et du coping centré sur le problème est liée à des performances exécutives et mnésiques moins altérées chez les patients MA. Enfin, l’utilisation des stratégies cognitives de régulation émotionnelle (en particulier la réévaluation cognitive et la centration sur l’action) est associée à des troubles comportementaux moins importants chez ces patients. Ces résultats plaident en faveur d’une prise en charge de la régulation émotionnelle chez les patients MA, dans le but de diminuer leurs troubles comportementaux, notamment en rééduquant certaines fonctions cognitives.