Réserve cognitive et mémoire épisodique : les activités de vie cognitivement stimulantes permettent-elles de conserver une bonne mémoire au cours du vieillissement ?

Abstract

Contexte : Les souvenirs personnels de notre passé sont accessibles grâce à la mémoire épisodique et leur récupération dépend de deux processus : la recollection et la familiarité. Le vieillissement normal serait accompagné d’un déclin cognitif, ayant notamment des répercussions sur la mémoire épisodique. Néanmoins, une grande hétérogénéité interindividuelle en termes de déclin est observée, et celle-ci peut s’expliquer en partie grâce au concept de réserve cognitive. En effet, d’après ce concept, le fait d’avoir un style de vie cognitivement stimulant permettrait la construction d’une réserve, grâce à laquelle les effets cérébraux du vieillissement seraient atténués ou différés. Objectif : L’objectif principal de cette recherche était d’explorer les liens entre le niveau de réserve cognitive et les performances en reconnaissance. Plus précisément, nous nous sommes intéressés aux processus de recollection et de familiarité (réponses correctes et fausses alarmes) au cours du vieillissement normal, comparativement aux sujets jeunes. Par ailleurs, nous nous sommes intéressés aux variables de réserve cognitive qui pourraient avoir le plus d’impact sur les performances en reconnaissance. Méthode : Les données ont été recueillies sur 99 sujets âgés et 50 sujets jeunes. Les processus de recollection et de familiarité ont été évalués via une tâche de reconnaissance visuelle selon le paradigme Remember/Know, et la réserve cognitive a été mesurée à l’aide d’un questionnaire administré sous forme d’entretien semi-structuré. En outre, le fonctionnement cognitif global des sujets âgés a été évalué à l’aide d’une courte batterie de tests neuropsychologiques. Résultats : Une relation a été mise en évidence entre le niveau de réserve cognitive et les performances en reconnaissance, et plus particulièrement pour les processus de recollection, chez les sujets âgés. Chez les sujets jeunes, les résultats ne sont presque pas significatifs. Par ailleurs, il semblerait que ce soit d’une part le niveau d’éducation et d’autre part la pratique de loisirs physiques qui ont le plus d’influence. Enfin, la performance est significativement différente entre les sujets âgés et les sujets jeunes, quel que soit le niveau de réserve cognitive.