L'influence des pratiques d'élevage caprin dans la région de Fatick (Sénégal) sur la présence d'antibiotiques dans les produits laitiers

Abstract

Au Sénégal, le taux de pauvreté de la population s’élève à 46,7% avec des valeurs pouvant atteindre 57,3% en milieu rural (Ndarinfo, 2017). C’est pourquoi, l’élevage caprin de par ses rôles économique, nutritionnel et social, représente une voie de sortie de la pauvreté non négligeable. C’est sur base de la race locale sahélienne et sur un mode d’élevage de type extensif basé sur la divagation que l’élevage caprin est pratiqué. Différents programmes tels que le Programme de Développement Intégré de Fatick, le Projet d’Amélioration de la Filière Caprine et l’Association Régionale des Eleveurs Caprins contribuent au développement de cette filière caprine en agissant à différents niveaux. Cette étude a été réalisée dans le but de déterminer en quoi les pratiques d’élevage au sein des élevages caprins dans la région de Fatick influencent la présence d’antibiotiques dans les produits laitiers. Pour ce faire les différents acteurs de la filière du lait de chèvre, que sont les éleveurs, les transformatrices et les vétérinaires ont été interrogés. Ce travail conclut que la famille d’antibiotiques principalement utilisée est celle des tétracyclines. De plus, différents éléments contribuent à l’apparition de résistances bactériennes telles que la pratique de l’automédication et la mauvaise gestion des déchets et flacons d’antibiotiques. Dans le cadre du projet d’approvisionnement des cantines scolaires en produits laitiers caprins transformés, piloté par le Programme de Développement Intégré de Fatick, un accent sur la recherche de résidus dans le lait a été mis en place. Bien que l’utilisation des antibiotiques ait lieu de façon irraisonnée et malgré l’absence de tests de présence de résidus d’antibiotiques, les éleveurs semblent respecter un temps d’attente suffisant après traitement avant la reprise de la traite. Ceci permet sans aucun doute de limiter la présence de résidus d’antibiotiques dans le lait, permettant ainsi la production d’un lait de qualité. En conclusion, les associations accompagnant le développement de la filière caprine dans la région de Fatick devraient mettre l’accent sur la sensibilisation à l’utilisation de médicaments, et principalement d’antibiotiques, de façon à faire comprendre aux éleveurs les enjeux liés à la bonne utilisation des médicaments. De plus, développer la pratique de tests de présence de résidus d’antibiotiques permettrait de prouver que le lait est exempt de ces résidus et constituerait l’avantage, pour les éleveurs et les transformatrices, de pouvoir assurer la vente d’un lait de qualité. Enfin, réglementer et contrôler la filière du lait de chèvre semble être une nécessité.