L'utilisation des bactériophages contre Staphylococcus spp.

Abstract

Les bactéries appartenant au genre Staphylococcus sont des bactéries Gram positif très nombreuses et diversifiées. Plusieurs bactéries appartenant à ce genre sont responsables de pathologies, et ce, chez différentes espèces. Notamment Staphylococcus aureus faisant l’objet d’une véritable problématique en médecine humaine, ainsi qu'en médecine vétérinaire, mais également Staphylococcus pseudintermedius chez l’espèce canine. Certaines de ces bactéries ont comme principale caractéristique d’être devenues au fil des années des agents pathogènes multirésistants aux antibiotiques, faisant d’eux de redoutables agents pathogènes envers lesquels peu de moyens thérapeutiques sont encore efficaces. Au vu de la situation actuelle de l’antibiorésistance et de la réelle problématique que posent ces bactéries, il est apparu urgent de trouver de nouvelles alternatives thérapeutiques à leur encontre. Les bactériophages sont non vivants, ils sont très abondants, et ont pour spécificité d’avoir pour hôte uniquement des bactéries. Les bactériophages présentent une grande spécificité et efficacité comme moyen de lutte contre les bactéries y compris les bactéries multirésistantes aux antibiotiques; par conséquent, de nombreuses recherches ont été menées afin de montrer leur potentiel en tant qu’alternative à l’antibiothérapie. En médecine humaine, les bactériophages ont été expérimentés dans le cadre des pathologies induites par Staphylococcus aureus et notamment les Staphylococcus aureus méthicilline résistants. Cela a également été investigué au sein de l’espèce bovine dans le cadre de la mammite bovine à Stapylococcus aureus et dans le domaine de l’agroalimentaire en raison de la présence de cet agent pathogène dans le lait suite à cette pathologie chez le bovin. Chez l’espèce canine, ce n’est que récemment que des souches de Staphylococcus pseudintermedius multirésistantes ont été rencontrées. En raison de cette importante problématique qu’est l’antibiorésistance, les bactériophages ont été envisagés, en monothérapie, mais également en combinaison avec les antibiotiques. Le concept de cocktails de phages a également fait l’objet d’expérimentation ainsi que les cocktails personnalisés. Les endolysines issues de bactériophages ont également été testées en monothérapie et en combinaison aux antibiotiques. Toutes ces expérimentations ont dans l’ensemble donné des résultats plutôt encourageants. Cependant, la majeure partie des expérimentations a été réalisée in vitro. La thérapie phagique présente ainsi un potentiel plutôt prometteur en tant qu’agent thérapeutique, cependant l’expérimentation in vivo doit encore être plus approfondie. Comme tout agent thérapeutique, les bactériophages présentent des limites à leur utilisation, notamment le développement de mécanismes de résistance des bactéries envers les bactériophages, leur stabilité dans le temps pour le stockage et bien d’autres encore. En revanche, malgré ces limites, cette thérapie au vu de l’antibiorésistance actuelle semble avoir des avantages qui l’emportent sur les inconvénients. Ainsi, pour permettre le développement de cette thérapie, des modalités quant à son utilisation ont été présentées. En effet, les bactériophages sont conditionnés sous forme de principes actifs pharmaceutiques (API), ceux-ci sont destinés à l’utilisation in vivo contre les infections bactériennes. Mais encore, une réglementation relative aux matériaux et conditions environnementales a été élaborée pour limiter les risques du personnel de travail et des usagers de cette thérapie. En Belgique, le ministre de la santé publique ainsi que l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS) ont permis la publication d’une monographie indiquant la méthode à suivre pour produire les phages. Enfin, concernant l’usage de la thérapie phagique en cas d’échec thérapeutique, in vivo sur modèle humain, différents principes éthiques ont été énoncés au sein de la déclaration d’Helsinki élaborée par l’Association Médicale Mondiale (AMM).