Prolonger ton mémoire par une publication ?
Tu viens de déposer ton mémoire de maitrise ? Félicitations ! Si cette première expérience de recherche s’est avérée concluante, peut-être auras-tu envie de la valoriser sous la forme d’une publication scientifique. Peut-être même as-tu déjà reçu une proposition de publication, à première vue particulièrement alléchante : publication immédiate et gratuite de votre travail, rémunération s’élevant à 10% du prix de vente, etc. |
Une proposition presque trop belle pour être vraie
Attention ! Si nous examinons d’un peu plus près les pratiques de ces maisons d’édition, la réalité n’est pas toujours aussi rose :
- Ces sociétés recrutent leurs auteurs grâce à des mailings intensifs, envoyés à des adresses récoltées automatiquement sur Facebook, sur les sites des universités, etc.
- Contrairement aux « vrais éditeurs », ces sociétés n’apportent aucun gage scientifique au travail qu’elles proposent de publier, car celui-ci ne fait strictement l’objet d’aucune sélection préalable. Dès lors, la publication d’un travail chez un tel éditeur, loin d’ajouter un plus à ton CV, peut au contraire nuire à la crédibilité de celui-ci.
- Les ouvrages ainsi édités sont proposés à la vente en ligne, via des sites tels qu’Amazon. Ils sont imprimés à la demande (print on demand), au fur et à mesure des achats en ligne, ce qui signifie qu’au départ, un seul exemplaire est imprimé : celui envoyé à l’auteur.
- La rémunération promise de 10% n’est versée qu’à condition d’atteindre un certain montant de vente (plus d’une cinquantaine d’exemplaires de votre travail par an, ce qui constitue un seuil difficilement atteignable) ou encore sous forme de bon-chèque, à dépenser chez le même éditeur !
- Ces éditeurs n’ont d’universitaires que le nom : aucune institution scientifique n’est derrière afin de se porter garante de la qualité des ouvrages publiés et aucun comité éditorial constitué d’universitaires de renom ne remplit le rôle de comité de lecture.
- Plus grave, ces éditeurs calquent souvent leur nom ou leur logo sur celui de vrais éditeurs ayant pignon sur rue. Ainsi, le logo des « PAF » (Presses Académiques Francophones) rappelle étrangement celui des PUF…
Sans être illégale, la publication via de tels éditeurs constitue donc plutôt un miroir aux alouettes, jouant sur la fierté de tout jeune auteur en lui laissant (abusivement) croire que son travail a été sélectionné sur base de ses qualités intrinsèques.
Comment publier alors ?
Si tu souhaites prolonger ton mémoire par une publication, il est alors préférable de t’adresser à un véritable éditeur scientifique et de retravailler le texte en profondeur.
En effet, le mémoire et a fortiori la thèse de doctorat constitue un type de document très codifié, destiné à des spécialistes en vue de l’obtention d’un diplôme. La refonte en vue d’une publication est l’occasion de retravailler le texte afin de le rendre accessible à un plus large lectorat. Certaines données confidentielles (données privées relatives à des patients ou aux participants à une étude, etc.) ainsi que certaines illustrations dont l’utilisation à des fins commerciales est interdite doivent en outre être retirées de la version publiée. Dans cette étape du travail, ton promoteur constitue ton meilleur allié. Il pourra également t’aider à identifier l’éditeur le plus pertinent en vue de cette publication.
Une fois ton mémoire rédigé, c’est donc l’esprit critique du scientifique qui reste ta meilleure arme pour te prémunir contre les propositions trop belles pour être vraies !
Où trouver de l’aide / de l’info ?
En cas de doute ou pour plus d’informations sur ce sujet délicat, les Bibliothèques de l’Université de Liège sont là pour t’aider.
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