Analyse de tendance des précipitations et de la température de l'air sur l'île d'Hispaniola (Haïti et la République Dominicaine)

Abstract

Dans la mer des Caraïbes, en dessous de l’Amérique du Nord, se trouve une entre le Cuba et la Jamaïque, une île (Hispaniola) qui fait 77 650 km² de superficie. Elle est la plus peuplée des Antilles, soit de plus de 20 millions d’habitants. Cette île est divisée en deux pays, qui selon Théodat (2004) « sont les deux seules îles qui ne sont pas entourées d’eau de tous les côtés, tant ils sont différents ». Leurs indicateurs de développement et environnementaux sont étonnamment différents. L’un, la République Dominicaine a le plus fort taux de croissance économique de la Caraïbe, l’autre (Haïti) a le plus faible taux dans tout l’hémisphère. Le premier a un Indice de Développement humain (IDH) élevé, il est la première destination touristique de la Caraïbe, il a un taux de couvert forestier qui avoisine les 40% selon la base de donnée de la FAO. L’autre, a le plus faible indice de la région, très mal classé comme destination touristique, et son couvert forestier est estimé à 4% FAO (2010). Mais sont-ils vraiment deux îles en termes climatiques ? Leur occupation de sol a-t-elle entrainé des microclimats qui évoluent différemment au moins pour les quatre dernières décennies passées ? Ce sont ces questions qui ont amené à faire une analyse de tendance des variables climatiques (précipitation et température) sur tout le territoire de l’île. Les données utilisées proviennent des réanalyses ERA5. Elles ont une résolution spatiale 30km*30km, et fournissent les valeurs journalières des variables sur 40 années (1979-2019). Les tests Mann Kendall, Sen’s Slope et Pettitt ont été réalisés sur les valeurs annuelles des variables qui ont été moyennisées pour chaque pays, ensuite pour chaque grille du modèle. Pour tout Haïti, il n’y a pas de tendance dans la moyenne des précipitations annuelles pour la série chronologique (1979-2019), mais la tendance est significative et positive pour les données de températures moyennes annuelles mais avec des pentes très faibles de l’ordre de 0,023 ; Pour les différentes grilles couvrant Haïti (40 au total), deux d’entre elles présentent une tendance positive significative pour la variable pluviométrique et toutes les grilles témoignent d’une augmentation de température. Pour la République Dominicaine, pour les données annuelles de pluviométrie, il y a une tendance à la baisse non significative pour tout le territoire, et quinze sur 69 grilles présentent une tendance significative de diminution ; pour la température, la tendance générale est à la hausse. La position spatiale des grilles avec une tendance paraît plus être liée à la topographie générale et l’impact du mouvement d’oscillation des mers plutôt que l’occupation des sols. Ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus par (Moron et al., 2015) et le rapport de la BID (2015).