Exploration des facteurs cognitifs et linguistiques sous-tendant l'acquisition d'une langue étrangère, auprès d'adultes

Abstract

Dans une société marquée par l’interculturalisme et la mondialisation, l’apprentissage des langues étrangères revêt un intérêt majeur pour évoluer au mieux au sein de celle-ci. Cet apprentissage requiert néanmoins de nombreuses ressources et habilités, et il semble que nous ne soyons pas tous égaux face à celui-ci. En effet, qui n’a jamais constaté que certaines personnes apprennent une langue aisément, tandis que d’autres doivent redoubler d’efforts pour atteindre un niveau à peine suffisant ? De même, qui n’a jamais entendu quelqu’un se juger « nul » ou, au contraire, « doué » en langues ? Partant de ces constats, nous nous sommes demandé si l’acquisition d’une langue étrangère ne serait pas sous-tendue par certaines habilités cognitives et linguistiques propres à un individu, ce qui expliquerait cette variabilité d’apprentissage. En outre, nous nous sommes interrogés quant au rôle que peut jouer le sentiment de compétence, c’est-à-dire la manière dont un apprenant perçoit ses propres capacités, dans cette acquisition.

Afin de répondre à nos questions, nous avons mené une étude de corrélation et de régression auprès de jeunes adultes francophones monolingues. Nous leur avons demandé de remplir un questionnaire d’auto-évaluation concernant leur apprentissage et leur sentiment de compétence envers les langues, puis, nous avons évalué leur niveau de maitrise de l’anglais, langue étrangère apprise vers l’âge de 10-12 ans, ainsi que leurs habilités cognitives. Nous les avons par ailleurs soumis à une tâche expérimentale d’apprentissage de non-mots.

De notre étude, trois facteurs cognitifs ont été identifiés comme étant indépendamment prédicteurs de l’apprentissage d’une langue étrangère. Il s’agit de la mémoire à court terme phonologique, qui est corrélée et prédictive de la maitrise de l’anglais, du traitement de l’ordre sériel, qui est corrélé et prédictif de l’apprentissage de nouveaux-mots, et de la flexibilité mentale, qui intervient à la fois dans la maitrise de l’anglais, et l’apprentissage de nouveaux-mots. Nous avons également mis en évidence que le sentiment de compétence joue un rôle fondamental dans l’apprentissage et la maitrise d’une langue étrangère, soulignant l’importance de promouvoir des conditions d’apprentissage propices au développement d’un sentiment de compétence positif.