Quel rôle joue la volonté d'émancipation dans la réussite scolaire des filles issues de l'immigration ?

Abstract

La littérature et les enquêtes internationales indiquent que, comparativement aux garçons, les filles issues de l’immigration ont un rapport plus positif à l’égard de l’institution scolaire. Cela se traduit à la fois par une attitude généralement plus « connivente » avec les attentes de l’école et par de meilleures performances scolaires.

Les causes de ces constats mis en évidence par la littérature se rapportent généralement au milieu familial et culturel des filles. Une cause explicative souvent évoquée dans la recherche est la volonté des filles de s’émanciper du milieu familial qui est plus « contrôlant » avec elles qu’avec les garçons. Notre recherche s’est fixé comme objectif d’investiguer cette piste explicative souvent évoquée mais peu exploitée particulièrement dans notre contexte : aujourd’hui en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les entretiens menés ont mis en évidence que la volonté de « s’affranchir » du milieu familial et culturel, qui expliquerait la mobilisation scolaire des filles, concerne davantage la génération des mères que celle les filles. Si volonté d’émancipation il y a, elle se traduit plutôt par une volonté d’indépendance par rapport à un modèle familial qui, bien que non vécu, est bien connu des filles. Ces dernières souhaitent mettre en priorité leurs études et leur future profession par rapport au mariage et à la fondation d’une famille. Elles sont d’ailleurs encouragées dans ce sens par leurs parents et par leur mère en particulier.

À cela, s’ajoute une volonté d’émancipation sociale souvent marquée ainsi qu’une émancipation identitaire qui se traduit chez elles par un recul de la culture d’origine, un renouveau religieux et une sociabilité plus « communautaire », particulièrement au moment des études supérieures.