Effet de la contraception hormonale sur le contrôle de la motivation sexuelle et les mécanismes sous-jacents

Abstract

Les contraceptifs oraux sont de plus en plus utilisés de nos jours, en particulier les contraceptifs oraux combinés (COCs) composés d’œstrogènes et de progestérone. Ce sont des hormones exogènes qui ont pour but de perturber le cycle menstruel de la femme afin d’éviter une grossesse indésirée. Elles exercent leurs effets en agissant sur l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique qui est le régulateur majeur du cycle hormonal féminin. Plusieurs effets secondaires dus à ces contraceptifs sont reportés par les utilisatrices parmi lesquels une diminution de la libido a été mise en évidence pour 15% d’entre elles. Les mécanismes de contrôle de la libido féminine ainsi que l’impact des contraceptifs hormonaux sur ceux-ci sont très peu connus. Les études sur le sujet sont majoritairement réalisées sur des modèles rongeurs et ont mis en évidence les aires cérébrales impliquées dans la motivation sexuelle au sein de ce modèle. Elles permettent également d’affirmer la nécessité des hormones stéroïdiennes dans la mise en place des comportements sexuels, d’où l’intérêt d’étudier les effets des contraceptifs hormonaux dans le cadre de la motivation sexuelle ainsi que les mécanismes qui y sont sous-jacents. Lors de ce projet, les composants les plus fréquemment utilisés dans les COCs (éthynilœstradiol (EE) à 0,6µg/kg/j, lévonorgestrel (LNG) à 30µg/kg/j) ainsi que l’estétrol (E4 à 300µg/kg/j) ont été administrés via des pompes Alzet® à des femelles C57/BL6 gonadiquement intactes. Plusieurs aspects ont été étudiés avant et après cette administration chez ces souris : la régularité du cycle, la durée de celle-ci et l’approche du mâle. Des immunofluorescences sur coupes flottantes ont été réalisées sur leur cerveau pour étudier l’expression des récepteurs aux œstrogènes alpha dans l’aire pré-optique médian. Nos résultats ont montré que la cyclicité est abolie dans le groupe traité au LNG +EE et perturbée pour le groupe traité avec E4 seul et traité avec LNG+E4. L’analyse de l’approche du mâle a révélé une perte de l’approche du mâle par toutes les femelles traitées hormis le groupe contrôle. De plus, le groupe traité au LNG tend à ne plus approcher le mâle. Cependant, l’expression des récepteurs aux œstrogènes alpha ne diffère pas en fonction des différents traitements.