Étude comparative des capacités cognitives d'inférence chez la chèvre et le mouton

Abstract

Étude comparative des capacités cognitives d'inférence chez la chèvre et le mouton Josselin Duffrene, année académique 2020-2021 Co-promotrices : Dr. Valérie Dufour et Dr. Fany Brotcorne Aujourd'hui, le bien-être des animaux d'élevage est au cœur des enjeux sociétaux relatifs à la production animale et à l'alimentation humaine tenant compte de la qualité et la provenance de ces animaux. Afin d'évaluer plus précisément les conditions de vie de ces animaux leur permettant d'adopter ou non des comportements naturels, il est nécessaire de comprendre non seulement leurs besoins et leurs comportements, mais aussi leurs capacités cognitives. Par conséquent, comprendre comment les animaux d'élevage perçoivent et interagissent avec l'environnement est un enjeu majeur. Le but de notre étude est de comparer les capacités cognitives de deux espèces d’élevage, la chèvre (Capra hircus) et le mouton (Ovis aries), en se concentrant sur la capacité d’inférence par exclusion visuelle. Nous avons mené deux expériences d'inférence par raisonnement d'exclusion via des tests de choix d’objet consistant à sélectionner la solution correcte en excluant des alternatives sur la base d’informations indirectes. Notre étude a intégré l’adaptation de deux protocoles, l’un déjà appliqué par Nawroth et ses collègues (2014) sur les mêmes espèces et l’autre réalisé initialement avec des corbeaux par Jelbert et ses collègues (2015). Ces deux protocoles nous ont permis une évaluation comparative systématique entre les chèvres et les moutons tout en distinguant les différentes stratégies cognitives utilisées, mécanismes de simple (tel qu’apprendre à éviter l'emplacement vide) ou de haut niveau de complexité (raisonnement par exclusion). Nous avions prédit que la longue histoire évolutive commune de domestication entre ces deux espèces aurait pu niveler d’éventuelles différences cognitives initiales et permettre de produire des performances cognitives d’inférence comparables. Nos résultats montrent en effet de bonnes performances, similaires entre les deux espèces, mais notre étude à elle seule ne suffit pas à prouver que seule la domestication explique ces similarités. Quant aux mécanismes sous-tendant les performances de ces espèces à ces tests, nous avons pu démontrer que les chèvres et les moutons pouvaient bien utiliser un raisonnement d’inférence par exclusion plutôt que des stratégies de bas niveau cognitif. Cette étude a permis d’approfondir nos connaissances sur les capacités cognitives de ces deux espèces domestiques et de proposer une méthode expérimentale solide pour étudier l’inférence chez les animaux.