Impact de l'holothuriculture de Holothuria scabra sur le compartiment sédimentaire : variabilité spatiale et temporelle

Abstract

La forte demande d’holothuries, communément appelées concombres de mer, sur le marché chinois a entrainé un épuisement mondial des stocks sauvages de ces animaux (Purcell et al. 2011). L'une des meilleures solutions à ce problème est le développement de systèmes d'aquaculture efficaces (Eriksson et al. 2012). Dans les régions tropicales, notamment à Madagascar, Holothuria scabra (Jaeger, 1833) est devenu le candidat idéal pour le développement de l'élevage étant donné sa grande valeur sur le marché chinois et le fait qu'il puisse être élevé dans des enclos marins entretenus par des villageois aquaculteurs (Robinson & Pascal 2009). Cette alternative a donc un effet positif au niveau écologique – ces organismes étant parmi les meilleurs bioturbateurs des sédiments dans de nombreux écosystèmes marins (Wolkenhauer et al. 2010) – mais aussi au niveau social, car elle assure un revenu supplémentaire pour une partie de la population côtière. Mais ces activités peuvent potentiellement avoir un impact sur les assemblages de la faune benthique et le substrat associé (sédiment) qui contient tous les éléments nutritionnels nécessaires à la bonne santé et à la croissance des holothuries. L’objectif de ce mémoire était de mieux comprendre la variabilité spatiale (échelles 1 m, 500 m et 500 m) et temporelle (sur 1 an) du compartiment sédimentaire dans le contexte du pré-grossissement (i.e. bassins construits et alimentés en sédiment fossile) et du grossissement (i.e. enclos en mer) du cycle d’élevage de Holothuria scabra, afin d’optimiser les conditions et la rentabilité de cette culture. L’expérience des bassins a montré un ralentissement de croissance des juvéniles après environ un mois et demi, probablement dû à une limitation de la ressource alimentaire. Les analyses sédimentaires ont révélé une matière organique d’une faible qualité nutritive qui pourrait être compensée par l’ajout modéré de sels nutritifs, afin de favoriser le développement d’une biomasse autotrophe disponible pour les holothuries. Une bonne sélection et une homogénéisation du sédiment fossile avant sa disposition dans les bassins semblent également judicieuses. L’expérience des enclos a montré que les différents paramètres sédimentaires analysés varient significativement au cours du temps. Ces variations sont surtout marquées au niveau des sites (échelle 50 m), y compris ceux au sein d’un même enclos. Ceci traduit l’hétérogénéité de ce milieu qui pourrait sembler à première vue similaire. Ainsi, il n’est pas étonnant d’observer des différences de croissance entre enclos. À long terme, une surveillance du pourcentage de carbonates du sédiment et de la qualité de la matière organique disponible semble requise.