Etude des prédicteurs langagiers, cognitifs et moteurs à 2 ans sur l'évolution langagière des enfants grands prématurés à 5 ans et association des compétences

Abstract

Notre étude s’intéresse à la population des enfants grands prématurés, enfants nés avant 32 semaines d’aménorrhée et/ou avec un poids de naissance inférieur à 1.5 kg. Dans la littérature, il est aujourd’hui démontré que ces enfants sont plus à risque de présenter des difficultés langagières dans certaines compétences langagières (Sansavini et al., 2011 ; Månsson & Stjernqvist, 2014 ; De Stefano et al., 2019). Toutefois, le langage ne semble pas être le seul domaine à risque chez les enfants grands prématurés. En effet, ceux-ci semblent avoir plus fréquemment un développement moteur et cognitif également en décalage par rapport aux enfants nés à terme (Sansavini et al., 2014). Ces différents constats ont amené l’Institut National d’Assurance Maladie-Invalidité (INAMI) à mettre sur pied, pour les enfants grands prématurés, un suivi longitudinal et multidisciplinaire, notamment à 2 et à 5 ans. Dans ce contexte et dans le but de contribuer à améliorer le suivi de ces enfants, notre travail cible ces deux âges-clés. Notre étude comporte deux objectifs. D’une part, elle vise à prédire les compétences langagières à 5 ans sur base des compétences langagières et non langagières à 2 ans dans le but d’agir le plus tôt possible sur les difficultés langagières des enfants grands prématurés. D’autre part, elle a pour but d’explorer les associations entre les compétences langagières, cognitives et motrices à 2 et à 5 ans. Pour répondre à ces deux objectifs, nous avons créé une base de données composée de 229 dossiers multidisciplinaires réalisés à 2 et à 5 ans avec les enfants grands prématurés accompagnés par le service de Néonatologie du CHR de la Citadelle. Nous avons ensuite réalisé différentes analyses statistiques sur la totalité de notre échantillon. Ces analyses ont montré que les compétences langagières à 5 ans pourraient être prédites sur base des compétences langagières à 2 ans et que la communication réceptive et la communication expressive à 2 ans pourraient prédire les compétences lexicales et morphosyntaxiques à 5 ans chez les enfants grands prématurés. Un profil différent est également constaté entre les enfants obtenant un score élevé ou un score faible en langage à 2 ans. De plus, chez les enfants obtenant un score faible en langage à 2 ans, la motricité fine et la cognition pourraient contribuer à la prédiction du langage à 5 ans. Finalement, les compétences langagières, cognitives et motrices seraient plus fortement associées à 2 ans qu’à 5 ans et une association plus forte entre le langage et la cognition serait présente par rapport à la motricité. Notre étude comporte toutefois quelques limites méthodologiques qui peuvent influencer nos résultats. Dans l’ensemble, la présente recherche a permis d’appuyer les connaissances scientifiques au sujet du langage chez les enfants grands prématurés et d’envisager de nouvelles hypothèses par rapport à nos deux objectifs.