Le sentiment de compétence parentale dans le domaine du langage chez les parents d'un enfant atteint d'infirmité motrice cérébrale.

Abstract

Le sentiment de compétence parentale (SCP) représente la manière dont l’adulte s’évalue en tant que parent capable d’influencer le comportement et le développement de son enfant (Coleman & Karraker, 2003). La littérature scientifique met en exergue une relation forte entre le SCP, les pratiques parentales et le développement global de l’enfant (Coleman & Karraker, 2003). En d’autres mots, plus le parent a confiance en ses capacités parentales, plus ses pratiques éducatives sont adéquates et plus l’enfant se développe positivement. Toutefois, peu d’études se sont préoccupées de cette relation dans le domaine du langage (Stiévenart & Martinez Perez, 2020). En outre, aucune recherche n’a étudié le SCP dans le domaine du langage chez les parents d'un enfant atteint d'infirmité motrice cérébrale (IMC). Dans cette pathologie regroupant des profils hétérogènes, les altérations langagières et communicationnelles sont fréquentes (Straub et al., 2009). Plusieurs auteurs ont démontré l’influence du développement de l’enfant sur le SCP. Dans cette mesure, l’objectif de ce mémoire est de découvrir le niveau de SCP dans le domaine du langage chez les parents des enfants présentant une IMC fréquemment accompagnée d’altérations langagières. À travers cette recherche, nous souhaitons observer les différentes variables qui pourraient influencer le SCP. De plus, nous confrontons le niveau de SCP dans le domaine du langage entre les parents d’enfant IMC et les parents d’enfant présentant un développement typique. Pour répondre à ces différentes interrogations, un questionnaire d’auto-évaluation centré sur la façon dont le parent perçoit sa place de parent dans le développement langagier de son enfant IMC a été partagé via des professionnels de la santé et les réseaux sociaux. Celui-ci a été complété par 116 parents. Malgré plusieurs limites méthodologiques, nos analyses statistiques démontrent un SCP dans le domaine du langage inférieur dans le contexte de l’IMC par rapport à celui d’un développement typique. Dans le cadre de l’IMC, le SCP est impacté différemment selon le domaine de la parentalité étudié. De plus, dans le domaine du langage, plusieurs variables liées à l’enfant IMC comme son niveau d’intelligibilité et la présence d’une CAA ont influencé le SCP. Par contre, nous n’identifions pas de différence de SCP dans ce domaine selon le niveau d’éducation des parents, leur expérience parentale antérieure ou selon la mise en place d’un suivi logopédique chez l’enfant IMC. En conclusion, cette étude met en évidence l’impact de plusieurs variables propres à l’enfant IMC sur le SCP et renforce alors la notion d’influence du développement de l’enfant sur le SCP (Jones & Prinz, 2005). Il sera essentiel que les futures études se penchent à nouveau sur ce sujet afin de compléter nos observations.