Quelle évolution pour le journal télévisé en Belgique francophone ?L'introspection d'une institution

Abstract

Le paysage médiatique tel qu’il fut chamboulé par l’arrivée d’Internet et de la VOD connaît une transformation des habitudes de consommation de l’information audiovisuelle. Depuis une vingtaine d’années, des penseurs comme Jean-Louis Missika adressent les questions de désaffection de la télévision au profit des nouveaux moyens de communication et les enjeux impliqués par un tel bouleversement. Par extension, le journal télévisé, véritable institution depuis 1956 en Belgique, s’expose à la même dissolution de son hégémonie sur l’information audiovisuelle. De fait, depuis dix ans, les chiffres d’audience générés par les deux plus grands rendez-vous JT de Belgique francophone révèlent une moyenne de jeunes téléspectateurs en baisse. En dehors des années marquées par la pandémie de Covid-19, les parts de marché du RTL Info et du JT de la Une s’amenuisent. Devant un tel constat, il importe d’interroger les premiers concernés par cette recomposition, à savoir les reporters, présentateurs, rédacteurs-en-chef et autres directeurs liés aux journaux télévisés. En 2022, comment les professionnels du JT belge francophone perçoivent-ils leur institution ? Quelles évolutions lui imaginent-ils, en réponse à quels enjeux, pour aboutir à quel avenir ? C’est à cette problématique que se voue ce travail de recherche, avec comme départ d’analyse une série d’entretiens semi-directifs menés sur les acteurs de cinq chaînes télévisées productrices de journaux télévisés. Les notions de désynchronisation du JT, de fragmentation des contenus, de vieillissement du dispositif, d’idéologie technique et d’information en continu y seront évoquées.