Comparaison multi-échelle de l'effet de la réduction de la disponibilité foncière au plan de secteur sur les pratiques de recyclage urbain et de densification en Wallonie

Abstract

Dans sa Déclaration de Politique Régionale 2019 – 2024, la Wallonie fixe comme objectif de freiner l’artificialisation de son sol jusqu’à sa limitation totale prévue en 2050. Cette intention, inscrite également dans son Schéma de Développement Territorial, poursuit la stratégie européenne mise en place depuis 2011 et communément appelée l’intention « ZAN ». La réalisation de cet objectif ne peut se réaliser qu’en réutilisant les terrains précédemment artificialisés. Le nombre de logements pouvant être créés par la densification résidentielle d’espaces urbanisés a été évalué à environ 300 000 par la CPDT. La mise en œuvre de ce potentiel de recyclage urbain pourrait permettre à la Région wallonne de réaliser son objectif rapidement. En revanche, les pratiques de recyclage urbain et périurbain en Wallonie sont sujets à de nombreux freins qui handicapent leur mise en place. La surabondance foncière en zone d’habitat au plan de secteur est responsable d’une offre importante de terrains vierges à urbaniser. Cette dernière contribue en partie à poursuivre l’étalement urbain en offrant des territoires urbanisables bon marché et accessibles en périphérie. Ce travail s’appuie sur cette observation et tente de mettre en évidence le rôle que pourrait jouer, à l’inverse, une réduction des surfaces urbanisables sur les pratiques de recyclage urbain et de densification en vue de réorienter les acteurs du territoire vers les gisements et les biens à réutiliser. L’analyse conduite dans ce travail s’appuie sur une comparaison multi-échelle de la relation entre le taux de disponibilité foncière au plan de secteur et les indicateurs du recyclage urbain et de la densification. Il ressort de ces traitements que seul le recyclage urbain réagit de manière significative à une réduction de la superficie disponible, en particulier aux échelles des communes et des bassins de vie. Ce travail soutient que la disponibilité foncière est l’une des composantes qui explique la variation du taux de recyclage urbain en Wallonie et qu’une réduction de l’offre juridiquement urbanisable permettrait de stimuler les pratiques qui y sont liées. Toutefois, la mise en œuvre d’une telle action foncière doit s’accompagner de politiques sectorielles pour garantir un développement inclusif et équitable de la Wallonie.

In its 2019 – 2024 regional policy declaration (‘Déclaration de Politique Régionale’), Wallonia sets the objective of slowing down the artificialization of its land until its full limitation by 2050. This intention, which is also included in its territorial development plan (‘Schéma de Développement Territorial’), follows the European strategy implemented since 2011 and commonly referred to as "no net land take by 2050". The achievement of this objective can only be reached by reusing previously artificialized lands. The number of dwelling units that can be created by residential densification of urbanized spaces has been evaluated at approximately 300,000 by the CPDT. The implementation of this urban recycling potential could allow Wallonia to achieve its objective quickly. However, urban and peri-urban recycling policies in Wallonia are subject to numerous obstacles that impair their implementation. The overabundance of land in residential zones in the sector plan (‘Plan de secteur’) is responsible for a large supply of greenfields for urbanization. This contributes in part to the continuation of urban sprawl by offering cheap and accessible land for residential use in the periphery. This work relies on this observation and attempts to highlight the effects of a reduction in building areas on urban recycling and densification policies with the aim of redirecting the actors towards the lands and dwellings to reuse. The analysis conducted in this work is based on a multi-scale comparison of the relationship between the land availability for residential use and the indicators of urban recycling and densification. It appears from these treatments that only urban recycling reacts significantly to a reduction in available surface, particularly at the municipal scale and at the catchment area (‘bassins de vie’) level. This work argues that land availability is one of the components that explains the variation of urban recycling in Wallonia and that a reduction in the supply of legally building surfaces would make it possible to incite land recycling policies. However, the implementation of such a land policy must be followed by sectoral policies to ensure inclusive and equitable development of Wallonia.