Impacts hydro-géomorphologiques d'un barrage de castors sur l'habitat de la moule d'eau douce dans la Sûre

Abstract

Depuis des décennies, de nombreuses menaces touchent les moules d’eau douce (Bivalvia ; Unionidae), provoquant leur déclin en Europe et sur la plupart des rivières en Wallonie. Parmi les nombreuses causes de cet affaiblissement des populations, figure le colmatage du lit des rivières. Ce processus entraine une réduction de la biodisponibilité en oxygène, nécessaire à la survie du mollusque. Parallèlement, le barrage de castors bloque les sédiments, entrainant un déficit sédimentaire sur le tronçon aval du cours d’eau. Ces conditions pourraient être bénéfiques à l’implantation des populations de moules d’eau douce. Notre étude consiste à évaluer les caractéristiques hydro-géomorphologiques relatives à l’établissement du barrage de castors dans la Sûre, afin d’établir une relation entre la présence du barrage et son impact sur l’habitat de la moule d’eau douce. Pour y parvenir, des pièges à sédiments et des sticks hypoxies ont été placés le long du cours d’eau (un en amont et six en aval du barrage). Pour monitorer les déplacements du castor et l’injection potentielle de sédiments dans le cours d’eau, un piège photo a été placé à proximité d’une coulée de castor. Enfin, plusieurs recensements de moules ont été effectués. L’étude conclut qu’il n’y a pas de différence significative de colmatage entre l’amont et l’aval du barrage, ni entre les différents sites en aval, indiquant un effet minime du castor sur la quantité de sédiments fins infiltrés dans le lit de la rivière en aval de son barrage. Malgré des proportions plus importantes de sédiments fins (inférieures à 500 µm) collectés dans les pièges, la majorité des sticks hypoxies présente une profondeur d’oxygénation suffisante pour l’établissement des moules. Le piège photo a signalé une baisse drastique des passages du rongeur (à proximité de la coulée) à l’arrivée du printemps, malgré une activité intense enregistrée en hiver. Pour terminer, le recensement des moules indique une absence totale de celles-ci les cinquante premiers mètres après le barrage. Cependant, le nombre d’individus collectés en aval du cours d’eau est proportionnellement plus important qu’en amont. Ainsi, l’impact du barrage de castors sur le cours d’eau semble restreint et il ne semble pas impacter de façon notable, négativement ou positivement, l’habitat de la moule d’eau douce.