Influence des caractéristiques individuelles et sociales sur le bien-être des babouins de Guinée (Papio papio) captifs sous contrôle des naissances

Abstract

Le bien-être animal est une notion complexe de grand intérêt au sein des parcs animaliers, des centres d’élevage et des laboratoires. Le bien-être est classiquement défini d’après les cinq libertés : ne pas souffrir de soif, de faim et de malnutrition ; l’absence d’inconfort thermique et physique ; l’absence de douleur, de blessure et de maladie ; l’absence de peur ou de détresse ; la liberté d’exprimer son comportement normal. L’évaluation du bien-être passe par de nombreux indicateurs. Les indicateurs comportementaux tiennent compte du répertoire comportemental de l’espèce dont les comportements affiliatifs, agonistiques et autodirigés (ou de déplacement) mais également les comportements anormaux et les stéréotypies. À cela s’ajoute les indicateurs physiques reprenant les blessures, la morphométrie des individus mais également la qualité du pelage et l’alopécie. Enfin, les derniers indicateurs physiologiques concernent notamment les dosages hormonaux de glucocorticoïdes associés à la réponse au stress. Chez les primates, tous ces indicateurs peuvent être influencés notamment par le statut hiérarchique ou social, le sexe, le statut reproducteur ainsi que les conditions de captivité. Le but de ce travail était de mesurer certains indicateurs (comportementaux et morphologiques), d’analyser l’influence des caractéristiques sociales (position dans le réseau social et hiérarchie) et individuelles (âge, sexe, statut reproducteur et type de stérilisation) dans une population de babouins de Guinée (Papio papio) captifs, dont la reproduction est empêchée. Pour ce faire, nous avons réalisé de manière non-invasive des observations comportementales (focaux continus et scans de proximité), généré le réseau social et hiérarchique du groupe, et mesuré certains paramètres morphométriques (suivi de l’alopécie, des blessures et photogrammétrie). Contrairement à nos prédictions, nous n’avons pas trouvé que les individus subordonnés exprimaient davantage de comportements autodirigés, ou présentaient une corpulence plus fine et davantage d’alopécie que les dominants. Par contre, les mâles commettaient plus d’agressions que les femelles et présentaient une plus grande occurrence de blessures. Comme attendu, les mâles castrés étaient morphologiquement moins corpulents que les mâles vasectomisés. Concernant les femelles, la hiérarchie n’influençait pas les différents indicateurs, contrairement à la présence d’enfant non sevré. Les femelles lactantes recevaient moins d’agressions, exprimaient moins de comportements autodirigés et présentaient peu d’alopécie reflétant ainsi l’impact apparemment positif de la présence d’enfant. En conclusion, notre étude ayant été réalisée peu de temps après les stérilisations, un suivi sur le long terme est nécessaire afin d’évaluer les changements possibles concernant le bien-être et les dynamiques sociales chez les femelles suite à l’absence totale et prolongée de nouveaux jeunes. Par ailleurs, combinée à cette approche comportementale, une étude hormonale quantifiant le taux de glucocorticoïdes des individus (e.g. métabolites fécaux de cortisol) est à envisager afin de consolider l’évaluation du niveau de stress des animaux.