Etude minéralogique de gisements métallifères en Corse

Abstract

Une septantaine d’échantillons provenant de différents gisements métallifères en Corse ont été analysés par diffraction des rayons X sur poudre, au microscope polarisant en lumière réfléchie et au microscope électronique à balayage afin de déterminer les différentes phases minérales présentes. Les échantillons ont ensuite été étudiés par spectrométrie à fluorescence X dans le but d’établir une caractérisation géochimique de chaque gisement. Ces analyses ont pour but de compléter l’inventaire minéralogique de ces gisements et d’améliorer la compréhension de leur genèse, encore débattue à l’heure actuelle. Au terme de ce travail, les gisements d’antimoine de Meria et de Luri, prenant place dans le cap Corse, ont vu leur inventaire minéralogique augmenter, respectivement, de treize (aragonite, arsenmiargyrite, goethite, gypse, jamesonite, kaolinite, magnétite, picropharmacolite, schafarzikite, séligmanite, soufre, titanite et valentinite) et une (kaolinite) espèces minérales. Les analyses au pXRF révèlent des compositions en éléments en traces fortement similaires pour ces deux gisements, suggérant une origine commune. La liaison présumée des minéralisations du cap Corse avec le magmatisme acide tertiaire introduite par plusieurs auteurs, n’a, cependant, pas pu être prouvée. Huit nouvelles espèces (aragonite, cinabre, chloritoïde, kaolinite, hématite, soufre, titanite et gypse) sont venues, quant à elles, compléter l’inventaire minéralogique du gisement d’arsenic de Matra. Malgré la présence de minéraux antimoniaux recensés sur le site de Matra et le contexte analogue aux gisements d’antimoine du cap Corse dans lequel celui-ci prend place, les différences de composition en éléments en traces sont trop importantes pour affirmer une origine commune pour ces gisements. Ce travail a encore permis de recenser quatre espèces nouvelles (titanite, séligmanite, argentodufrénoysite et tennantite) pour le gisement Pb-Zn-Ag de La Finosa et une nouvelle espèce (dolomite) pour le gisement Pb-Zn-Ag de l’Argentella. Les compositions en éléments en traces tendent à affirmer que ce dernier serait lié au magmatisme acide dans un contexte post-orogénique au Permien. Le gisement de La Finosa n’aurait, lui, aucun lien avec le magmatisme et se serait mis en place lors des déformations alpines. Une seule nouvelle espèce (sphalérite) a pu être recensée au sein des pegmatites du complexe alcalin d’Evisa, riches en minéraux de terres rares. Cet enrichissement en terres rares se serait produit suite à la circulation de deux fluides hydrothermaux : le premier, riche en Na-Ket le second, riche en F-Ca-Na et contenant les ligands nécessaires au transport des REE.