Cas d'étude de la dynamique d'une toiture verte extensive en climat méditerranéen : Etude de la végétation, banque de graines et composition chimique du sol

Abstract

La présente étude porte sur une expérimentation de toiture verte extensive non irriguée, non gérée et soumise au climat méditerranéen. Afin d’assurer au mieux la réussite cette toiture verte, l’hypothèse de l’habitat analogue a été faite avec pour modèle les végétations des encroutements biologiques (tonsures) de la steppe de La Crau. Des transferts d’inocula provenant de cet habitat ont été réalisés lors de la mise en place de cette toiture en 2016. Les combinaisons des modalités de trois facteurs ont été testées à travers 96 unités expérimentales (UE) d’1mx1m. Il s’agit de : la profondeur du substrat (5 ou 15 cm), l’inoculation (apport ou non d’inoculum) et le type de substrat (peu, moyennement ou très drainant). L’évaluation du succès de ces conditions s’est faite à travers trois compartiments d’étude interconnectés : la végétation de la toiture, sa banque de graines et les paramètres chimiques du substrat. L’expérience a montré que la richesse spécifique et le recouvrement végétatif de la toiture ont globalement évolués positivement au cours du temps. L’inoculation permet d’augmenter le recouvrement végétatif dans le cas où les UE ont 15 cm de profondeur, même 6 ans après la mise en place de la toiture verte. Cependant, cet apport initial de graines ne permet pas significativement de distinguer les recouvrements moyens des UE de 5 cm de profondeur. Une augmentation de la part d’espèces spontanées est observée au cours du temps bien qu’elle reste toujours proportionnellement moins importante que celle des espèces typiques potentielles de l’inoculum. En cas de perturbation de cette végétation, la banque de graines ne permettrait pas de reconstituer les communautés végétales actuellement en place car elle est principalement composée d’espèces spontanées. Entre 2016 et 2022, les concentrations en carbone et azote des substrats ont augmentés de façons significatives. D’avantage d’investigations en termes de relation sol-plantes ainsi que sur l’impact des variations interannuelles des précipitations devrait être réalisées dans les études dynamiques des communautés végétales de ces toitures. Les espèces typiques des tonsures sur la toiture sont principalement annuelles et leur cycle complet de fructification est compromis en cas de sécheresse prolongée. L’installation de structures pourvoyeuses d’ombrage, le choix d’espèces pérennes (ex : géophytes), ou encore l’irrigation permettraient de diminuer ces menaces et d’assurer la pérennité de la toiture verte bien que cette dernière ait déjà prouvé sa résilience depuis sa mise en place.