Impact du changement climatique sur les mouvements d'un amphibien dans des réseaux de points d'eau : assèchement du milieu aquatique, utilisation des habitats et reproduction chez le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris)

Abstract

Le changement climatique observable à l’échelle globale, constitue l’une des causes majeures du déclin mondial des espèces d’amphibiens. Il se manifeste par une élévation des températures, une augmentation de la variabilité des précipitations ainsi qu’une augmentation du nombre et de l’intensité des phénomènes extrêmes tels que des sécheresses ou des inondations. Or, ces changements abiotiques peuvent avoir un impact considérable sur la reproduction, le développement et la survie de nombreuses espèces d’amphibiens C’est dans ce contexte que se place notre étude, qui a pour objectif de déterminer l’impact du changement climatique sur les déplacements, les caractéristiques phénotypiques (morphologiques, physiologiques et comportementales), ainsi que sur la reproduction du Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris). Pour ce faire, nous avons réparti 64 tritons (sexratio équilibré) dans 8 systèmes expérimentaux, chaque système étant composé de deux aquariums identiques connectés par une plateforme terrestre. Au cours de l’expérience, nous avons progressivement asséché l’un des deux aquariums (condition « Assèchement »), tandis que le niveau d’eau de l’autre restait permanent (condition « Permanent »). Sur une période de 5 semaines, nous avons suivi le déplacement et la reproduction des tritons au sein de ces réseaux d’habitats. Les résultats de notre expérience ne montrent pas d’influence de l’assèchement sur l’émigration, les déplacements et la distribution des tritons au sein du réseau d’habitats. Concernant le phénotype, une corrélation a pu être déterminée entre taux d’émigration et condition corporelle. Enfin, nous avons pu montrer que l’assèchement a influencé la reproduction des tritons, par la diminution du nombre de parades des mâles et l’augmentation du nombre d’œufs pondus par les femelles. Ces résultats mettent en évidence l’importance d’études expérimentales sur l’éco-éthologie des amphibiens dans le contexte climatique actuel. Elle met en effet en lumière une certaine absence de réponse adaptative, en termes de dispersion et de choix d’habitat, face à l’un des facteurs les plus menaçant pour ces organismes biphasiques.