Suivi du lien entre le profil hormonal et les comportements socio-sexuels dans un groupe de macaques rhésus captifs sous contrôle des naissances

Abstract

Le contrôle de la reproduction est une nécessité des parcs zoologiques pour gérer les populations et maximiser le bien-être des animaux en évitant les fortes densités. La tubectomie, ou ligature des trompes, est une approche efficace et intéressante pour les primates car elle permet le maintien d’une sécrétion hormonale physiologique et l’activation des comportements naturels sous-jacents. En effet, bien que les primates simiens s’affranchissent d’une dépendance stricte aux hormones gonadiques pour l’expression des comportements sexuels contrairement à la plupart des animaux, ces hormones influencent tout de même grandement leur motivation sexuelle. Nous avons réalisé une analyse hormonale couplée à une analyse comportementale pour étudier l’influence des hormones gonadiques sur les comportements sociaux et sexuels de femelles tubectomisées dans un groupe de macaques rhésus (Macaca mulatta) en période de reproduction. L’analyse d’hormones fécales a été privilégiée pour sa nature non-invasive. Pendant une période de 3 mois, des échantillons fécaux et les données comportementales ont été collectées via des focaux et des scans sur 12 femelles tubectomisées. Nous avons utilisé la méthode EIA afin de doser les taux d’Estrone-3-Glucuronide (E1G) comme indicateur des taux circulants d’œstradiol, ainsi que les taux de Pregnanediol-3-glucuronide (PdG) comme indicateur des taux circulants de Progestérone. Ces hormones sexuelles sont connues pour être des amplificateurs, pour l’œstradiol, et inhibiteurs, pour la progestérone, de la motivation sexuelle chez les primates. L’analyse des relations entre les hormones et les comportements s’est déroulée en deux étapes. Premièrement, nous avons opté pour une analyse journalière en liant les concentrations d’E1G aux comportements observés 48h avant la défécation, en raison du délai entre la présence des hormones dans la circulation sanguine et leur apparition dans la matière fécale. Nous avons ensuite cherché à identifier des phases de cycles ovarien et comparé les comportements socio-sexuels entre les phases folliculaires et lutéales. Nous avons obtenu beaucoup de résultats statistiquement non-significatifs lors de l’analyse journalière dû à la faible fréquence de comportements sexuels. L’analyse menée sur les phases de cycles offre cependant des résultats prometteurs suggérant davantage de réceptivité des femelles en phase folliculaire en comparaison à la phase lutéale. Toutefois, dû au faible échantillon d’individus utilisés nous ne pouvons rien affirmer avec certitude. Nos résultats suggèrent également que l’expression des comportements hétérosexuels chez les femelles est corrélée positivement avec les comportements agonistiques et négativement avec les comportements affiliatifs entre femelles, en accord avec l’hypothèse de la compétition sexuelle chez les femelles. Les comportements affiliatifs avec les mâles, associés à la proceptivité des femelles, augmentent avec les comportements hétérosexuels. Enfin, un effet des concentrations d’E1G sur la coloration de l’arrière-train a également été démontré. Le rôle de ce signal sexuel comme indicateur possible de la phase du cycle des femelles est discuté.