Travail personnel: Qualité de l'eau d'irrigation et pratiques agricoles en milieu maraîcher dans la commune de Parakou au nord du Bénin

Abstract

De nos jours, la croissance démographique dans les centres urbains induit une hausse de la demande alimentaire urbaine avec pour corollaire le développement de l’agriculture urbaine et péri-urbaine notamment le maraîchage. La production maraîchère, tributaire de l’eau, n’est pas sans pression sur les ressources naturelles notamment l’eau. Cette étude vise à : (i) analyser la dynamique d’occupation du sol par les périmètres maraîchers de la ville de Parakou ; (ii) analyser la perception des producteurs sur l’utilisation de l’eau usées et l’adoption de pratiques agricoles en maraîchage dans le centre urbain de Parakou et (iii) faire la caractérisation physico-chimique des eaux d’irrigation utilisées par les maraîchers de Parakou. Pour parvenir aux résultats, une analyse de l’occupation du sol basée sur la cartographie a été faite pour apprécier l’étendue de la production maraîchère dans la ville de Parakou. Puis, pour estimer les potentiels risques dus aux mauvaises pratiques phytosanitaires adoptées par les producteurs, une enquête de terrain a été réalisée sur cinq sites maraîchers de la commune de Parakou. Enfin, la qualité des eaux d’irrigation a été évaluée par une analyse physico-chimique. Les résultats montrent que le maraîchage est en pleine expansion dans la ville de Parakou et emploie des femmes et hommes majoritairement de la tranche d’âge de 18 - 40 ans. Elle se fait essentiellement dans les zones marécageuses avec l’utilisation en saison sèche, des eaux usées non traités issues des collecteurs ou des étangs artificiels. L’irrigation manuelle est adoptée avec l’utilisation des arrosoirs. L’analyse physico-chimique a révélé des concentrations de phosphate de 4,242 mg/l, de TDS et de EC qui sont relativement élevées sur le site de Bawéra (EC = 950 µS/cm et TDS = 577 mg/L). Ces valeurs sont dans la tranche du degré de restriction légère à modéré selon les normes de FAO (700 ≤ EC ≤ 3 000 et 450 ≤ TDS ≤ 2 000). Ces proportions de TDS, EC et de phosphate, quoique faibles, devraient inquiéter d’autant plus que l’enquête socio-économique révèle qu’une frange non négligeable de producteurs (34,55 %) ne maîtrise rien des dosages de pesticides à appliquer et 29,09 % de producteurs jettent les emballages vides des pesticides dans des puits perdus avec tous les risques que cela comporte pour les ressources en eau. L’utilisation des pesticides chimiques est devenue systématique afin d’accroître les rendements et maximiser les profits. Ces résultats ont permis de se rendre compte que le maraîchage à Parakou, outre sa contribution à la sécurité alimentaire et son soutien du revenu des producteurs, se déroule dans des conditions à risques pour les ressources en eau et la santé publique. Une remédiation passe indubitablement par l’amélioration du niveau de connaissance des producteurs et également la construction d’ouvrages d’approvisionnement en eau (puits, forages) et des aménagements des sites.