Les mesures spécifiques de conservation du Tarier des prés (Saxicola rubetra) dans la vallée de la Roer sont-elles favorables à l'ensemble de la communauté aviaire ?

Abstract

Autrefois espèce abondante, le Tarier des prés n’est plus présent que dans une zone très limitée dans la vallée de la Roer dans l’est de la Belgique Cette espèce, bien adaptée aux plaines agricoles dégagées, a subi de plein fouet l’intensification des méthodes de culture, principalement l’intensification de la fauche. Dans la vallée de la Roer, la mesure agro-environnementale MC4 consiste à réduire la pression de fauche et à offrir des bandes de terres laissées sauvages. En plus des parcelles MC4 et conventionnelles, d’autres sont classées en réserve naturelle. Ces parcelles ne sont pas gérées par l’homme si ce n’est l’arrachage des arbres et arbustes lorsqu’ils commencent à s’étendre, le but étant de maintenir le milieu ouvert pour le Tarier des prés. Cet effort de protection s’étant révélé positif pour l’espèce. L’objet de ce mémoire est de déterminer s’il y a un effet parapluie du Tarier des prés pour la communauté d’espèce de passereaux inféodés à ces habitats. Dans ce but, l’effort d’observation a été répété à 5 reprises pendant 15 minutes pour enregistrer la présence des espèces de passereaux à travers un réseau de 38 points d’observations espacés d’environ 200 mètres. Pour chacune des présences, des variables explicatives ont été évaluées. Celles-ci concernent la proportion des différentes surfaces d’habitats (parcelles conventionnelles, MC4, naturelles, chemins et forêt) et la distance par rapport à la forêt dans un rayon de 80m. Ces valeurs précises ont été obtenues grâce à une analyse SIG. Des relations entre les espèces et les variables explicatives ont ensuite été recherchées. Deux types d’analyses ont été conduites. La première analyse est basée sur des modèles de régressions multiples (modèles linéaires ou modèles linéaires généralisés) et porte sur le nombre d’espèces (alpha), sur l’indice de diversité de Shannon et sur la diversité fonctionnelle (FDis), obtenus pour l’ensemble de la communauté d’oiseaux et pour 8 espèces présentant un plus grand intérêt en termes de conservation (présence sur la liste rouge wallonne). La deuxième analyse est une une analyse canonique par redondance (ACR) portant sur l’ensemble de la communauté d’oiseaux. Les modèles de régression mettent en évidence un effet significatif et positif des surfaces naturelles sur alpha et l’indice de Shannon de l’ensemble de la communauté et des effets négatifs significatifs des surfaces conventionnelles et MC4. Les surfaces naturelles ont aussi un effet positif significatif sur FDis calculé pour les 8 espèces d’intérêt. Ces analyses permettent de conclure que les mesures MC4 en elles-mêmes ne sont pas favorables à la diversité des autres espèces et que le Tarier des prés ne constituent pas une espèce parapluie pour la communauté large d’espèce. Par ailleurs, La RCA met en évidence un gradient dans la répartition de la communauté, induit par la distance aux zones boisée. Ce gradient apparaît bien en accord avec les niches écologiques connues de ces espèces. Ce résultat permet de se rendre compte que la majorité des espèces classées sur la liste rouge wallonne et présentes dans la région, ont soit un intérêt neutre pour les étendues déboisées, soit un grand intérêt pour celles-ci. Cela permet de donner une indication sur la marche à suivre concernant le déboisement des parcelles naturelles dans la zone d’étude.