Perception des maladies zoonotiques par les éleveurs de bovins au Sénégal : cas du charbon bactéridien, de la tuberculose et de la brucellose dans la région de Kolda

Abstract

Cette étude a été réalisée au Sénégal, un pays présentant un taux élevé de pauvreté. Alors que l'élevage a longtemps été perçu comme une activité atténuant la pauvreté, les maladies du bétail menacent les personnes pauvres et marginalisées qui dépendent des animaux. Dans le but de contrôler les maladies animales, une compréhension approfondie du terrain et de ses acteurs est nécessaire. C’est dans cette optique que se dessine le présent travail, une étude qualitative utilisant l’approche participative. L’accent a été mis sur les maladies zoonotiques, en particulier la brucellose, la tuberculose et l’anthrax, maladies qui existent encore dans la région étudiée, Kolda. Les éleveurs sont à haut risque d’exposition aux zoonoses. L’étude a donc été menée aux cotés de ces acteurs principaux du système de santé animale. Pour ce faire, quarante éleveurs ont été interrogés individuellement et deux groupes de discussion ont été menés, à l’aide d’un questionnaire semi ouvert. L’étude tend tout d’abord à caractériser les pratiques d’élevage de la région, afin d’y déceler les potentiels facteurs de risques. Ensuite, des questions ont été posées afin de documenter les connaissances qu’ont les éleveurs des maladies zoonotiques, et de comprendre la perception qu’ils en ont. Les résultats montrent plusieurs facteurs de risques liés aux pratiques d’élevage, les éleveurs ayant un accès limité à l’information et les contraintes contextuelles et systématiques étant nombreuses. Des aspects socio-culturels influencent également largement ces pratiques, et vont parfois jusqu’à expliquer pourquoi certains comportements considérés comme « à risques » ont tendance à ne pas changer. Il est dès lors important d’en avoir une compréhension détaillée. Même si on constate qu’il existe un certain savoir local en ce qui concerne les maladies zoonotiques, que ce soit en termes de signes cliniques ou de mode de transmission, un déficit important de connaissances est à souligner. De nombreuses confusions concernant des liens établis par les acteurs interrogés ont été relevées lors des entretiens. Toutefois, la grande majorité des acteurs déclarent considérer ces maladies comme un danger pour eux et leur communauté, autant au niveau de la santé qu’économique. Ils se sentent cependant pour la plupart impuissant devant ces problèmes de santé animale et humaine, ne sachant que très peu comment limiter les risques d’émergence et de propagation des maladies. La méthode utilisée comprend un certain nombre de biais et de limites. Néanmoins, elle permet de prendre en compte les acteurs de terrain qui bénéficieront des actions mises en place par la suite. Les interventions devraient dès lors se centrer sur un traitement de la problématique global, en mettant en avant les informations récoltées auprès d’acteurs importants du système de santé animale.