Spécificités des coraux d'eaux profondes du détroit de Rion-Antirion (Grèce), de leurs habitats et hydrodynamisme, par rapport aux coraux d'eaux profondes en Méditerranée

Abstract

Le développement des coraux d’eaux froides (ou coraux d’eaux profondes ; CWC) est principalement contrôlé par les conditions physiques et la géologie d’un habitat propice à leur croissance. En Méditerranée, les études sur ces coraux portent principalement sur la description des espèces et étudient peu les processus océanographiques qui régissant leurs habitats. L’objectif principal est d'identifier quels processus sont responsables de la distribution de ces coraux en Méditerranée, en se focalisant sur la zone du détroit de Rion-Antirion (Grèce). Pour cela, une synthèse bibliographique a été réalisée sur ces diverses provinces des CWC en Méditerranée, ce qui permet d’obtenir une vision globale de la distribution des espèces et sur les conditions nécessaires à leur développement (habitats avec grande surface eau-sédiments favorisés et fort hydrodynamisme). Cette synthèse a mis en évidence que les coraux sont distribués selon des provinces, en lien avec des courants intermédiaires et profonds. Dans le détroit, des données récoltées lors de deux campagnes océanographiques, en 2019 et 2023 (acquisitions vidéo, cartographie de la topographie, mesures de courant et données d’un modèle océanographique), permettent de décrire les espèces présentes pour chaque méga-habitat identifié. Les habitats les plus propices au développement des CWC présentent une topographie complexe et des courants de fond relativement forts (>15 cm/s), permettant un apport nutritif et la dispersion larvaire. Au niveau du détroit de Rion-Antirion, les coraux montrent une spéciation selon le type d’habitat et la force des courants. Leur distribution est liée, en premier lieu, aux fortes variations hydrodynamiques de cette zone, les courants les plus forts étant un facteur limitant, et, en second lieu, à des méso-macro-habitats (monticules, parois de chenaux) les protégeant du fort hydrodynamisme et facilitant l’ancrage larvaire. L’effet négatif d’un trop fort hydrodynamisme sur les communautés de CWC et leur biodiversité est clairement mis en évidence pour la première fois dans ce mémoire.