Comportement de colonisation d'un nouvel axe migratoire par des poissons holobiotiques de l'Amblève

Abstract

Dans un contexte de fragmentation des cours d’eau par des actions anthropiques, le rétablissement de la connectivité longitudinale est un enjeu majeur pour permettre le bon état écologique des cours d’eau ainsi que le maintien des populations piscicoles. En effet, pour réaliser leur cycle de vie, les poissons sont parfois amenés à parcourir des distances très importantes et ces barrières pourraient impacter leur survie. Des ouvrages de franchissement ont été créés dans le but de rétablir la libre circulation, permettant le passage de la faune aquatique avec des efficacités très variables. Dans le cadre de ce mémoire, l’un des objectifs est de déterminer l’efficacité d’une passe migratoire installée en 2021 au niveau de la cascade de Coo, dans l’Amblève. Le contrôle de la passe migratoire a révélé que celle-ci remplissait bien son rôle multi-spécifique en permettant à une grande diversité d’espèces de coloniser l’amont, reconnectant l’aval et l’amont de la cascade de Coo. Cependant, les effectifs des espèces capturées restent peu importants, révélant la faible performance de cet ouvrage sûrement due au manque d’attractivité de l’entrée de la passe. Un autre objectif, montrant l’originalité de cette étude, est d’analyser les capacités des poissons à exploiter de nouveaux habitats fonctionnels situés en amont ainsi que leur capacité à s’y reproduire et à engendrer une descendance viable permettant le développement de nouvelles populations. Pour cela, 11 barbeaux, 5 chevaines et 2 brochets ayant été capturés dans la passe ont été équipés d’émetteurs radio permettant leur localisation grâce à la radio-télémétrie. Il en ressort que certains individus se sont très certainement reproduits en amont, trouvant les caractéristiques des nouveaux habitats favorables à leur cycle de vie. A partir de ces résultats, nous avons tenté de comparer les capacités d’adaptation des espèces à ce nouveau milieu mais le trop faible effectif d’individus appartenant à différentes espèces n’a pas permis de tirer de conclusions, même si au sein d’une même espèce, en l’occurrence le barbeau fluviatile, des différences de comportement se font déjà observer. La restauration de la connectivité a permis de rétablir le flux génétique entre les métapopulations créées entre l’amont et l’aval de la cascade apportant une vraie plus-value écologique. D’autres études plus complètes et sur du plus long terme sont nécessaires pour observer le véritable impact de cette ouverture.