Dynamiques spatio-temporelles des ressources florales en paysage agricole de l'Ardenne belge

Abstract

L’intensification de l’agriculture observée aujourd’hui est une des principales causes du déclin des pollinisateurs. Celle-ci entraine une raréfaction des ressources florales à travers la fragmentation et la destruction des habitats. En Belgique, près de la moitié du territoire est occupé par des terres agricoles. Dans ce contexte de crise, il est donc essentiel de faire un état des lieux des ressources polliniques et nectarifères bénéficiant aux pollinisateurs au sein de ces paysages au cours de la période de butinage afin de les entretenir, les maximiser et les compléter. Dans cet objectif, un inventaire floristique a été réalisé au sein de 10 sites agricoles répartis en Ardenne belge au cours de deux sessions d’échantillonnage prenant place en avril et juin. Ce travail s’insère dans le cadre d’études menées à l’échelle de la Wallonie par le laboratoire d’écologie végétale de l’UCLouvain. Dans chacun des sites, les différents biotopes rencontrés ont été identifiés et la densité florale des espèces présentes déterminée. Ensuite, ces densités ont été multipliées par la quantité de pollen et de nectar produite par une unité florale afin d’obtenir les ressources produites au cours des deux sessions par les différents biotopes et sites. Dans un second temps, un relevé des abeilles sauvages et des fleurs visitées par celles-ci a été effectué. Le travail réalisé a permis d’identifier la session de juin comme étant celle la plus riche et la plus productive en Ardenne belge. Le mois d’avril présentait peu de biotopes productifs à l’exception des haies et lisières, et des bords de route. Durant le mois de juin, les haies et lisières constituaient également le biotope le plus productif suivi des bords de route et des bordures de parcelles. La productivité des prairies, bien qu’inférieure aux biotopes précédents, est due aux prairies pâturées extensives (MAEC) en avril et aux prairies de fauche intensives (hors MAEC) en juin. Cependant, aucune différence significative n’a pu être mise en évidence entre la productivité des biotopes engagés dans des mesures MAEC ou non. Au cours des deux sessions, la majorité des ressources a été produite par un nombre restreint d’espèces. Le suivi des pollinisateurs a permis de dégager un intérêt de ceux-ci pour le nectar et un attrait pour une richesse spécifique élevée, reflet des paysages hétérogènes proposant une diversité de qualités de ressources. Suite à ces résultats, une série de pistes de pratiques de gestion a été proposée afin de répondre au mieux aux besoins des pollinisateurs, à savoir : une diversité de ressources engendrées par une hétérogénéité du paysage et la présence de biotopes productifs au cours de l’ensemble de la période de butinage.