Évaluation de la pertinence d'une intervention visant à améliorer la théorie de l'esprit chez des enfants avec trouble du spectre de l'autisme élevés dans un milieu monolingue ou bilingue. Étude de cas multiples

Abstract

Le bilinguisme colore aujourd’hui le vécu d’un nombre croissant de personnes (Abutalebi & Weekes, 2014). Cependant, la question de l’éducation bilingue reste hautement complexe et sujette à de nombreuses controverses (Comblain, 2023). Lorsque l’on sort du développement humain typique, les choses se complexifient encore un peu plus. Le présent mémoire s’est donné pour objectif de croiser la thématique du TSA avec celle du bilinguisme, tout en s’intéressant au développement de la théorie de l’esprit (Theory of Mind, abrégée ToM). La ToM entretient des liens étroits avec les habiletés sociales qui sont des comportements socialement acceptables appris qui permettent à une personne d’interagir avec les autres d’une manière suscitant des réactions positives et l’aidant à éviter des réponses négatives (Bellini et al., 2009; Nader-Grosbois, 2011).

La première question de recherche formulée a été la suivante : « Lorsque l’on mène une intervention axée sur la ToM et les habiletés sociales chez des enfants avec TSA, observe-t-on une différence entre les sujets monolingues et les sujets bilingues ? ». Pour cela, nous avons mené une étude de nature interventionnelle auprès de deux enfants avec TSA, un monolingue et un bilingue. Au fil de nos de nos lectures, de nouveaux questionnements ont émergé. Cela s’est traduit par la formulation d’une seconde question de recherche qui a progressivement gagné en importance : « Quelle est l’efficacité des interventions destinées à améliorer la ToM et les habiletés sociales chez les enfants avec TSA ? ».

Les résultats obtenus suite à l’implémentation du manuel Teaching the Basics of Theory of Mind (Ordetx, 2019) sont nuancés. Après avoir opéré des traitements quasi-statistiques sur les mesures récoltées via nos lignes de base multiples, nous n’avons pas obtenu de données montrant l’efficacité de notre intervention, ni au niveau de la ToM, ni des habiletés sociales. Cela ne nous a dès lors pas permis de comparer l’évolution de notre participant monolingue à celle de notre participant bilingue et de nous prononcer relativement l’impact d’une éducation bilingue sur l’évolution des participants. Différentes pistes explicatives ont été évoquées, comme l’aspect très théorique de certaines activités ou encore le dosage réduit des séances. Au niveau des implications pour la recherche, nous avons notamment abordé la nécessité de recourir à une terminologie claire relative à la ToM et de considérer la validité externe et la généralisation des comportements observés dès l’élaboration des designs expérimentaux. Quant aux implications pour la pratique, nous avons évoqué l’importance de combiner les activités visant la ToM et les habiletés sociales dans le cadre des interventions. Ces dernières devraient être effectuées en groupes pour renforcer leur aspect fonctionnel et faciliter la généralisation des acquis thérapeutiques.