Le développement du langage oral des enfants porteurs de fentes oro-faciales non syndromiques : une scoping review

Abstract

La genèse de l’équivalent logopédique français, l’orthophonie, repose sur la pathologie congénitale du visage la plus répandue : la fente oro-faciale. Ce terme générique renferme une pluralité de réalités cliniques causées par l'hérédité ou une susceptibilité génétique aux facteurs environnementaux. En résulte une multitude de phénotypes atteignant le palais primaire et/ou secondaire, en fonction du stade embryologique perturbé par le défaut de fusion. Cette affection est à l'origine d'un parcours de soin pluridisciplinaire dont le logopède fait partie intégrante. Pourtant, force est de constater que la formation logopédique aborde, tout au plus, partiellement cette malformation. Une insuffisance théorique et pratique, à laquelle s'adjoint une absence de consensus scientifique quant aux interventions logopédiques probantes en la matière. Ce manque d'assurance et de connaissance lèse directement les patients confrontés à de nombreux refus de prise en charge.

Ainsi, en guise de premier pas dans l'appréhension de cette affection, nous avons décidé de nous enquérir de l'acquisition du langage oral des enfants porteurs de fentes oro-faciales non syndromiques. L'objectif de ce mémoire est né d'une volonté de cerner le profil langagier de cette population pour entrevoir l'évaluation et l'intervention à mener et idéalement annihiler l’errance du patient et du logopède. A cette fin, une revue de la littérature de type scoping review a été réalisée.

D’un point de vue méthodologique, nous avons sondé deux bases de données en juillet 2023 afin de conduire cette étude de portée. Les références bibliographiques générées par Medline® et Scopus® ont été triées au rythme de différentes phases et en regard des critères d’éligibilité établis préalablement. Parmi les 1370 articles initiaux, 30 ont été retenus et analysés.

Ces derniers ont mis en exergue des difficultés d'ordre phonologique, plus particulièrement phonétique, persistantes jusqu'à l'orée du jalon scolaire à minima. Ce domaine altéré se répercuterait sur le babillage, le lexique précoce, la morphosyntaxe du côté productif mais aussi la compréhension du langage oral de façon globale, et ce, jusqu’à cette même période. Néanmoins, en raison d'une multitude de facteurs d'influence, d’âges, de phénotypes, de composantes langagières préférentiellement étudiés ainsi que de lacunes méthodologiques : nous ne sommes pas en mesure de préciser la persistance du retard langagier mis en évidence par les chercheurs.

Finalement, notre examen de la portée n’est pas exempt de limites : de futures recherches pourraient parfaire avec rigueur ce premier état des lieux. Par ailleurs, interroger la littérature scientifique au sujet de l'évaluation et de l’intervention spécifiques à cette patientèle, transcenderait en une mise en pratique cet inventaire à l’apport davantage théorique.