Les capacités en stéréognosie orale sont-elles altérées chez les sujets dysphagiques ?

Abstract

En 1966, Berry et Mahood ont créé le premier test standardisé de stéréognosie orale. Lors de ce test, les individus doivent reconnaître des stimuli de forme, de taille et de texture variables situées au sein de la cavité buccale, par le biais de capacités sensitives, motrices et mnésiques sans se baser sur des indices visuels ou auditifs. Plus précisément, la stéréognosie orale fait partie du système somesthésique permettant de ressentir des sensations corporelles (Purves et al., 2011). En effet, la cavité orale représente l’un des systèmes somesthésiques le plus riche du corps humain car le palais, le dos de la langue et l’apex possèdent de nombreux récepteurs sensitifs (Di Roio et al., 2015 ; Humbert, 2011). L’efficacité de la perception stéréognosique dépend de l’intégrité du système nerveux central et plus particulièrement des voies afférentes périphériques véhiculant les informations sensitives jusqu’aux centres de traitement des lobes pariétaux (Meenakshi et al., 2013). De plus, la stéréognosie orale nécessite des capacités motrices, et mnésiques. Actuellement, nous savons que la forme, la taille, les caractéristiques de la surface, l’ordre de présentation des objets, et la méthode de notation ont des effets non négligeables sur l’évaluation des capacités en stéréognosie orale (Shetty et al., 2007). De plus, ces capacités sont influencées par plusieurs facteurs (âge, sexe, état dentaire) (Sivapathasundharam et Biswas, 2020). Face au manque d’études concernant les capacités en stéréognosie orale, nous nous sommes intéressés au fonctionnement des afférences sensitives buccales. Le principal objectif de notre mémoire est d’objectiver une altération des capacités en stéréognosie orale chez les sujets dysphagiques car il semblerait que la plupart des personnes souffrant d’une dysphagie présentent une diminution de la sensibilité aux stimuli mécaniques oraux et que 75% des patients dysphagiques présentent un trouble neurologique. Notre mémoire est constitué d’un échantillon de 100 personnes réparti en deux groupes : un groupe composé de 50 sujets dysphagiques et un groupe composé de 50 sujets sains. Ces deux groupes sont appariés en fonction du sexe (hommes ; femmes) et des tranches d’âge (< 60 ans ; 60-80 ans ; > 80 ans). Nous avons évalué les capacités en stéréognosie orale de l’ensemble des sujets de notre échantillon. À la suite des analyses statistiques de notre hypothèse principale, les résultats démontrent une altération des capacités en stéréognosie orale chez les sujets dysphagiques.