Évaluation du risque de transmission de pathogènes par les moustiques des parcs urbains de Liège : diversité des Culicidae, paramètres physicochimiques des gîtes larvaires et détection de Wolbachia chez Culex pipiens

Abstract

Les moustiques sont les animaux qui transmettent le plus de maladies à l’homme. La prévention contre ces pathogènes requiert de connaître les espèces vectrices présentes dans une localité et de comprendre leur écologie, en particulier concernant l’habitat des larves. Une technique de lutte contre ces pathogènes consiste en l’introduction, dans les population de moustiques, d’une bactérie endosymbiotique connue pour pouvoir conférer une résistance virale à son hôte : Wolbachia. La présente étude tend à évaluer les risques de transmission de pathogènes par les moustiques de Liège et à évaluer l’influence de paramètres physicochimiques des habitats des larves (les gîtes larvaires) sur les communautés de moustiques. Pour ce faire, nous avons décrit les communautés de moustiques de quatre parcs urbains de Liège et nous avons analysé l’influence de cinq paramètres physicochimiques des gîtes larvaires : la température, le pH, l’électroconductivité (EC), l’O2 dissous (OD) et la luminosité (RAD). De plus, l’étude vise à fournir les données préliminaires nécessaires à une meilleure compréhension des effets de Wolbachia sur Cx. pipiens et nécessaires à de potentielles mises en place de techniques antivectorielle basées sur sa transmission. Dans ce but, grâce à sa protéine de surface wsp, nous avons évalué l’infection de Wolbachia et déterminé sa souche dans 11 Cx. pipiens des parcs. Les communautés des parcs de Liège sont presque exclusivement composées de Cx. pipiens qui représentent 95,6% des individus. Cette espèce est l’espèce revêtant la plus grande importance sanitaire parmi les 10 espèces détectées dans les parcs. Nos résultats indiquent que cette espèce a une niche très large mais que sa présence serait influencée négativement par l’OD et le RAD et qu’elle est moins présente aux alentours de 22°C. Sa densité dans les gites, elle, serait influencée positivement par l’OD et le RAD et négativement par la température tandis qu’on retrouverait le plus d’individus aux alentours de 3000 μS/cm et d’un pH 7. Wolbachia était présente dans 100% des 11 Cx. pipiens étudiés qui présentaient tous la même souche du sous-groupe Pip dans le super-groupe B. Étant donné la forte densité de population dans la ville de Liège, la grande proportion de Cx. pipiens dans ses parcs et la présence du VNO dans les pays frontaliers proches de la ville, il est possible qu’elle voie, dans les prochaines années, les premières infections au VNO. Une surveillance vectorielle préventive est donc recommandée.