Transition forcée au numérique pédagogique - Vécu d'enseignants ayant voté "non" au modèle "un pour un" dans des écoles où il a été mis en place démocratiquement

Abstract

Le numérique prend de plus en plus de place dans la société et l’enseignement n’y fait pas exception. Parallèlement à la crise de la COVID-19, les Technologies de l’Information et la Communication en Enseignement (TICE) ont pris un essor important. La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) soutient alors le développement des compétences numériques des élèves à travers différentes circulaires dont la dernière (Fédération Wallonie-Bruxelles, 2022) permet à chaque élève du secondaire d’acquérir un équipement informatique à moindre coût. Les écoles s’en saisissent entament une transition numérique consistant à équiper tous les élèves d’une même année d’un ordinateur, dans le modèle dit « un pour un ». Ce dispositif fait l’objet d’un accompagnement de conseillers technopédagogues du SeGEC pour les écoles libres du secondaire. Il est notamment conditionné par l’obtention d’un minimum de 70% d’approbation des enseignants car c’est eux qui devront changer leurs pratiques avec ce nouveau matériel dans le sac de l’élève. Face à cette décision, des écoles obtiennent le pourcentage demandé et les enseignants ayant voté « non », se retrouvent enrôlés dans une transition numérique forcée appelée « Virage Numérique ». Changement de posture, de pratiques, alourdissement de la charge de travail, modification des liens avec les pairs, collaboration, rapport à la hiérarchie, engagement dans le projet, perception du sens et de la plus-value du numérique, formations… Tous ces concepts sont abordés dans une perspective d’adoption ou d’une résistance au changement pour ces enseignants. Cette étude qualitative vise la compréhension du vécu de deux enseignants confrontés au choix de leur établissement de se lancer dans cette transition alors qu’ils ont voté « non » à ce projet. Ils ont néanmoins des élèves équipés de machines dans leurs classes cette année. Le modèle de Bareil (2004) sert de clé de lecture quant à la compréhension de leur vécu récolté au cours de trois entretiens semi-dirigés. Il structure l’évolution du vécu en sept phases de préoccupations liées au changement. Cela va de l’absence de préoccupation (le changement ne concerne pas) jusqu’à l’amélioration du changement (un pas plus loin). Nous les avons suivis durant quatre mois et avons cherché à comprendre les mécanismes qui ont poussé l’un à évolué fortement dans le modèle et l’autre moins.