Féminisation et Justice Pénale : Regards sur la Section Correctionnelle du Parquet de Liège

Abstract

La magistrature a historiquement été un domaine largement dominé par les hommes. Cependant, depuis le début des années 2000, cette profession connaît une féminisation croissante. Ce travail de recherche vise à comprendre les facteurs sous-jacents de cette féminisation, en portant une attention particulière à la fonction de magistrat du parquet en matière correctionnelle. La question centrale de notre recherche est la suivante : « Quels sont les facteurs qui amènent les femmes magistrats à se tourner vers des fonctions relevant des matières correctionnelles ? » Pour répondre à cette question, nous avons adopté une démarche abductive et qualitative. Nous avons observé que la section criminalité générale et organisée du parquet de Liège était majoritairement composée de femmes. Pour approfondir cette observation, nous avons conduit des entretiens semi-directifs avec un échantillon de 11 femmes exerçant ou ayant exercé au sein de cette section. Nous avons ensuite confronté les données empiriques récoltées lors de ces entretiens avec notre cadre théorique. Ce dernier est composé de six concepts pertinents dans le cadre de cette recherche à savoir ; la féminisation, le care, la charge mentale, l’intersectionnalité, le plafond de verre et le mentorat. Nos recherches ont permis de formuler trois hypothèses principales expliquant pourquoi les femmes magistrats choisissent le parquet et, plus spécifiquement, les sections correctionnelles. Premièrement, Les femmes magistrats s’orientent vers le parquet, en particulier les sections correctionnelles, en raison d'un environnement de travail stimulant et collectif. Elles y ressentent un fort sentiment d’utilité publique. Ensuite, le choix de travailler au parquet permettrait également aux femmes magistrats de mieux concilier leur vie privée et leur vie professionnelle, favorisant ainsi un épanouissement dans les deux sphères de leur existence. Enfin, Les femmes se sentent souvent plus aptes à gérer les dossiers correctionnels plutôt que familiaux sur le plan émotionnel. Elles considèrent qu'elles peuvent aborder les affaires correctionnelles avec une perspective plus détachée, ce qui les rend plus aptes à gérer ce type de travail. Notre travail de recherche apporte un éclairage sur les raisons de la féminisation de la magistrature, en particulier dans les sections correctionnelles du parquet. Cependant, il est important de noter que des recherches futures pourraient identifier d'autres facteurs contribuant à cette tendance. Une exploration plus approfondie pourrait inclure une comparaison avec d'autres sections du parquet ou des contextes géographiques différents pour obtenir une compréhension plus globale de cette féminisation.