Application de la théorie de la biogéographie insulaire aux communautés de coléoptères saproxyliques

Abstract

Dans un contexte de simplification des milieux forestiers, les communautés saproxyliques subissent un appauvrissement considérable. Tout comme les îles océaniques, les chronoxyles suivent un développement ontogénétique et présentent une distribution éparse au sein de leur milieu. Dans le but de tester l’applicabilité de la théorie de la biogéographie insulaire sur les communautés de coléoptères saproxyliques et d’identifier les principaux facteurs environnementaux influençant leur richesse spécifique et leur diversité β le long d’un gradient vertical et horizontal, ceux-ci ont été échantillonnés à l’aide de pièges à émergence disposés à différentes strates le long des troncs d’une série de hêtres morts sur pied situés au sein du domaine du Sart Tilman. La décomposition des tissus superficiels en fonction de la hauteur, évaluée à l’aide de mesures du pourcentage d'écorce et de la pénétrabilité du bois, a également été étudiée. Nous avons mis en évidence que la théorie de la biogéographie insulaire s'applique partiellement à travers l'influence favorable de la distance géographique sur la diversité β le long de l'axe horizontal. Toutefois, il est plausible que l'immigration des coléoptères soit déterminée par des facteurs propres à chaque chronoxyle, sans suivre de tendance générale. Les chronoxyles, probablement trop jeunes, ne présentent ni de gradient significatif de la décomposition des tissus superficiels, ni de gradient de la richesse spécifique des coléoptères en fonction de la hauteur. Ainsi, il est probable que la théorie de la biogéographie insulaire soit transposable à des chronoxyles présentant une gamme d’âges plus importante. La richesse spécifique est inversement corrélée à la proportion d’écorce recouvrant les troncs. Le gradient horizontal des paramètres environnementaux exerce une influence plus importante sur la diversité β des communautés de coléoptères saproxyliques que le gradient vertical. La diversité β horizontale est également déterminée par le gradient de proportion d’écorce et la distance géographique observés entre les arbres, tandis que la diversité β verticale est déterminée par la hauteur, les gradients de proportion d’écorce et de pénétrabilité observés le long des troncs. Ces résultats suggèrent qu’une partie des coléoptères échantillonnés présente une capacité de dispersion limitée et que la composition des communautés de coléoptères saproxyliques est probablement influencée par des facteurs supplémentaires, non examinés lors de cette étude, présentant une stratification verticale, tels que la température, l'humidité, ou encore la quantité d'énergie solaire reçue aux différentes strates des arbres morts sur pied.