Mémoire

Abstract

L’intensification agricole, avec ses pratiques souvent axées sur le rendement, pose un défi majeur pour les populations de carabidés, des insectes auxiliaires bénéfiques pour les écosystèmes agricoles. Ces coléoptères jouent un rôle crucial dans la régulation des populations de ravageurs et ils se réfugient en hiver dans les cultures elles-mêmes ou des abris naturels. Cependant, l’élimination de ces refuges, due à l’expansion des surfaces cultivées et à la simplification des paysages agricoles menace leur survie. Pour préserver ces précieux auxiliaires, une solution pourrait consister à réintroduire des zones refuges autour des champs, favorisant ainsi leur hibernation et leur recolonisation des cultures les saisons suivantes. L’objectif de cette étude était d’étudier les déplacements des Carabidae depuis ces habitats adjacents vers l’intérieur des champs et d’évaluer l’impact de trois types d’habitat adjacents sur leur recolonisation des cultures : bandes enherbées, cultures intensives sarclées, et cultures extensives non-sarclées. Nous avons analysé (i) l’abondance, (ii) la diversité spécifique, et (iii) la composition des communautés de Carabidae dans quinze parcelles cultivées en céréales d’hiver, entourées par ces trois types d’habitat adjacents (cinq de chaque type). Des pièges à fosse directionnels ont été installés à 10 mètres des bords dans ces parcelles, du 1er au 26 avril 2024, dans la province de Namur et l’ouest de la province de Liège. Les résultats montrent qu'aucune différence significative en termes de diversité spécifique n'a été observée entre les parcelles bordées de bandes enherbées et les autres habitats adjacents, malgré une abondance accrue de carabidés à proximité de ces bandes. L'analyse des communautés de carabidés révèle que les bandes enherbées influencent l'abondance et la composition des espèces, même si la richesse spécifique reste comparable. En effet, des espèces indicatrices spécifiques ont été identifiées pour chaque type d'habitat adjacent, soulignant des différences dans la composition des assemblages d'espèces en fonction des conditions environnementales propres à chaque habitat. Enfin, l'absence de variation entre les directions de déplacement des carabidés suggère soit une inefficacité des pièges directionnels, soit une absence réelle de migration des carabidés depuis les habitats adjacents, possiblement en raison d'obstacles physiques. Cette étude a offert un premier aperçu de l’influence de la composition du paysage agricole sur les déplacements des Carabidae. Pour les recherches futures, il serait pertinent de tester et d’améliorer l’efficacité des pièges directionnels. De plus, l’exploration d’autres facteurs écologiques, tels que la connectivité entre les habitats semi-naturels en milieu agricole, pourrait enrichir notre compréhension des dynamiques écologiques de ces insectes. Ces informations seraient précieuses pour aider les agriculteurs à optimiser les pratiques de lutte biologique.