Étude des relations entre la richesse faunistique des mares du Nord du Luxembourg, en fonction de leurs caractéristiques environnementales : implications pour leur gestion et la conservation des espèces aquatiques

Abstract

Cette étude a examiné l’impact des caractéristiques environnementales sur la richesse spécifique des amphibiens et des invertébrés dans 50 mares différentes au nord du Luxembourg à l’aide des analyses d’ADN environnemental. Contrairement à plusieurs études antérieures, aucune relation significative n’a été trouvée entre les six facteurs environnementaux étudiés (la taille, la profondeur, l’âge, le stade de végétation, la distance minimale entre mares et la présence de poissons) et la richesse spécifique globale des mares, incluant les amphibiens et la faune en invertébrés (insectes). Cette absence de corrélation pourrait être due à la sous-représentation des grandes mares et des mares contenant des poissons, à l’échantillonnage limité à une seule période en avril, ainsi qu’à la saturation des mares en organismes zooplanctoniques, ayant conduit au séquençage de nombreuses espèces non ciblées et à une moins bonne identification de certains groupes d’espèces plus rares comme les insectes aquatiques. Alors que la méthode de détection par ADNe a révélé d’excellents résultats pour l’identification des vertébrés (amphibiens, poissons, mammifères...), des limitations ont été observées pour certains groupes taxonomiques comme les insectes aquatiques. Des améliorations telles que l’utilisation de marqueurs spécifiques pour ce groupe d’organismes et l’échantillonnage sur plusieurs saisons s’avéreraient intéressants afin d’améliorer nos connaissances sur la biodiversité des mares. Une deuxième analyse se focalisant uniquement sur la richesse spécifique des amphibiens en combinant les résultats d’inventaire obtenus par la méthode classique de nasses et la méthode d’analyse d’ADNe, a montré que la taille des mares, le type d’environnement dominant entourant les mares et le degré d’ensoleillement influencent la présence des amphibiens. Par exemple, l’espèce Bufo bufo préfère les grandes mares, tandis que les autres espèces étudiées favorisent les mares plus petites. Les mares entourées de forêts, offrant de l’ombre et des ressources, attirent une plus grande diversité et abondance d’amphibiens. L’étude souligne l’importance des interactions complexes entre les paramètres environnementaux et les populations d’amphibiens. La présence de prédateurs comme le raton laveur (Procyon lotor) ou des espèces modifiant l’habitat, comme le castor (Castor fiber), influence également les assemblages d’amphibiens, réduisant ou augmentant leur abondance selon le cas. Ces résultats mettent en lumière la complexité de la dynamique écologique dans les mares, l’importance d’une bonne méthodologie d’analyse et la nécessité d’une approche plus nuancée pour la conservation des mares.