Mémoire

Abstract

L’état émotionnel d’un individu s’exprime par de nombreuses manières, notamment par la communication non verbale, essentielle dans les interactions interspécifiques telles que les relations humains-animaux. Les expressions faciales, en particulier, représentent d’authentiques signaux, émis sous contrôle involontaire. Elles apportent des informations fiables sur le statut émotionnel, tant chez l’Homme que chez certaines espèces d’animaux non- humains. Chez le cheval, bien que de nombreuses études portent sur les expressions faciales liées à la douleur ou l’inconfort, peu d’analyses ont permis à ce jour de retranscrire des expressions faciales liées à des expériences positives. Cette étude a pour principal objectif d’analyser la modulation des expressions faciales du cheval durant une interaction tactile (IT) avec l’humain et de déterminer si cette modulation est liée à son état émotionnel. Des données ont été collectées auprès de 14 couples humain-cheval, et incluaient divers biomarqueurs physiologiques et comportementaux : les expressions faciales, la posture, le taux de cortisol salivaire et la fréquence cardiaque. Le protocole expérimental a été divisé en trois sessions de 3 minutes chacune, filmées, avant, pendant et après l’IT. Les expressions faciales ont été étudiées selon l’EquiFACS, une méthodologie dérivant du Facial Action Coding System (FACS), proposée en 1976 par le psychologue Paul Ekman. Les résultats confirment une modulation de certaines expressions faciales, notamment une augmentation de la durée et de la fréquence du lip pucker (AU18) pendant l’IT, seule expression décrite dans la littérature comme étant associée à un état émotionnel positif chez le cheval. De plus, il est établi que l’IT reflète un investissement attentionnel de la part du cheval envers sa propriétaire, bien que le manque de données ne permette pas de conclure catégoriquement quant à la valence émotionnelle que représente l’interaction. Cette étude nécessiterait d’être approfondie, en comparant notamment les résultats avec ceux observés chez l’humain, afin d’explorer la possibilité d’une contagion émotionnelle.