Comportement de colonisation d'un nouvel axe migratoire par des poissons holobiotiques de l'Amblève

Abstract

Comportement de colonisation d’un nouvel axe migratoire par des poissons holobiotiques de l’Amblève. Dorinne VERHOEVEN – Année Académique 2023 - 2024 Unité de Gestion des Ressources Aquatiques et Aquaculture Laboratoire de Démographie des Poissons et d’Hydroécologie - Promoteur : Pr. M. OVIDIO Cette étude examine l'impact de la passe à poissons installée en 2021 à la Cascade de Coo sur le cours d'eau de l'Amblève, en réponse à une barrière infranchissable à la montaison pour les poissons migrateurs d'eau douce. L'objectif principal est d'évaluer la performance de cette passe dans la restauration de la continuité écologique et la facilitation de la migration des poissons vers l'amont. Les résultats montrent que la passe permet à une grande diversité d’espèces de coloniser les zones en amont. La majorité de ces espèces sont des rhéophiles, représentant 276 kg de biomasse sur un total de 358 kg pour toutes les espèces confondues depuis le début de son utilisation. Cependant, les captures restent limitées avec 2 411 individus appartenant à 21 espèces recensés sur trois ans. Dans le cadre d'une méthode de capture-transport, 33 individus de trois espèces (barbeau, chevaine et brochet) ont été capturés et équipés d’émetteurs radio pour un suivi précis par télémétrie active, afin d’analyser leur capacité à coloniser ces nouveaux habitats. Cette étude se concentre particulièrement sur les déplacements des barbeaux, notamment avant et pendant la période de reproduction. Il a été observé que ces poissons présentent des comportements migratoires distincts, se déplaçant plus intensément à l'aube et au crépuscule, tout en étant influencés par le débit et la température de l'eau. Tous les changements majeurs de zone de résidence se sont produits lorsque la température de l'eau variait entre 10 et 22 °C. Pendant le période de reproduction, ils se déplacent de manière plus longitudinale et transversale, avec une augmentation du nombre de localisations différentes (14 à 8 localisations pendant la période de reproduction, contre 8 à 6 avant cette période). Ces observations montrent que la passe à poissons a permis aux barbeaux d'explorer et de potentiellement s'installer dans de nouveaux habitats fonctionnels. Certains individus semblent même avoir frayé en amont, démontrant une fidélité à une zone de fraie. L'étude a également révélé que les nouveaux barbeaux marqués étaient plus actifs dans leur exploration, parcourant des distances nettes maximales de plus de 15 000 m, contre 2 500 m pour ceux marqués depuis plus d’une année. Ainsi, cette passe a non seulement facilité un flux génétique entre les populations de l'amont et de l'aval de la cascade, mais elle a aussi ouvert de nouvelles perspectives pour la préservation des espèces migratrices.