Étendue vocale et prosodie : différences inter-genres ?

Abstract

Notre étude s’intéresse aux différences inter-genres entre locuteurs normophoniques de langue française. Elle porte sur l’aire dynamique vocale (Speech Range Profile/SRP) mobilisée par la parole ainsi que sur certaines composantes prosodiques telles que l’évolution de la fréquence fondamentale au cours des énoncés. Le SRP faisant l’objet de procédures d’évaluation disparates, notre étude instaure en outre les bases d’un protocole d’évaluation standardisé propre à la langue française. Trente sujets issus de la Province de Liège, âgés de 35 à 50 ans, ont participé à notre étude. Un phonétogramme (Voice Range Profile/ VRP) a été réalisé pour l’ensemble des participants, ainsi qu’un SRP établi sur base de plusieurs tâches, à savoir la lecture de phrases, la lecture d’un texte (à différents niveaux de pression sonore) et la description libre d’une image. Les indices prosodiques ont été analysés au sein de ces mêmes cibles, pour ensuite être comparés entre hommes et femmes. Pour analyser l’ensemble des échantillons vocaux, nous avons eu recours aux logiciels Vocalab et Praat, ainsi qu’aux plug-ins Momel-Intsint. Le traitement des données nous a permis, d’une part, de sélectionner cinq tâches qui s’avèrent pertinentes pour l’établissement du SRP et d’autre part, de mettre en exergue des différences significatives entre locuteurs et locutrices. Nous concluons qu’il n’existe pas de différences inter-genres significatives en termes de capacités vocales maximales (VRP). À l’inverse, nos résultats révèlent un effet significatif du genre sur le SRP, indiquant que l’aire dynamique vocale des femmes est plus vaste que celle des hommes. Concernant les composantes prosodiques, nos résultats indiquent que (1) les femmes s’expriment avec davantage de modulations fréquentielles, (2) les femmes s’expriment à un niveau de pression sonore supérieur, (3) les hommes réalisent davantage de pauses dans leur discours et (4) le genre n’a pas d’effet sur le débit de parole. Ces données pourront notamment être profitables pour les personnes transgenres, dans le cadre d’une prise en charge vocale. En outre, la présente recherche portant sur un nombre limité de participants, normophoniques et francophones, il serait intéressant de réitérer cette étude auprès d’une plus vaste population afin, notamment, d’établir des normes valides et différenciées en genre pour le SRP.