Validation de la Brief Evaluation of Receptive Aphasia pour évaluer les capacités verbales et cognitives chez des patients en état de conscience altérée

Abstract

Après une lésion cérébrale grave, certains patients évoluent vers des états de conscience altérée (ECA) : le coma (aucun éveil ni perception consciente), le syndrome d’éveil non-répondant (éveil sans perception consciente) ou l’état de conscience minimale (ECM ; Cassol et al., 2018). L’ECM- caractérise la récupération de comportements orientés, tandis que l’ECM+ inclut des signes de conscience de plus haut niveau relevant de capacités langagières (ex : réponse à la commande). L’émergence de l’état de conscience minimale (EECM) correspond à la récupération d’une communication ou utilisation d’objets fonctionnelles. Le diagnostic des ECAs s’effectue grâce à des échelles comportementales, comme la Simplified Evaluation of CONsciousness Disorders (SECONDs ; Aubinet et al., 2020). Cependant, ces évaluations présentent des limites liées à la présence de handicaps moteurs et cognitifs sévères. Par exemple, elles incluent des commandes verbales que le patient aphasique peut ne pas comprendre, menant à une grave sous-estimation de son niveau de conscience (Schnakers et al., 2015). Évaluer la compréhension orale semble donc crucial afin d’affiner le profil langagier des patients et diminuer les erreurs de diagnostic. Aubinet et al. (2021) ont ainsi mis au point la Brief Evaluation of Receptive Aphasia (BERA), un outil qui évalue les capacités réceptives phonologiques, sémantiques et morphosyntaxiques utilisant la fixation visuelle d’une image cible à côté d’un distracteur. L’objectif de ce mémoire est de valider la BERA chez les patients en éveil de coma. L’administration de la BERA se réalisera sur 30 patients adultes francophones en ECM ou EECM. L’évaluation se déroulera sur deux jours consécutifs. Le premier jour, la SECONDs sera administrée par un évaluateur indépendant afin d’objectiver la capacité de fixation visuelle et le niveau de conscience du patient. Ensuite, les deux versions de la BERA seront administrées par un évaluateur A et cotées en aveugle par un évaluateur B afin de mesurer la validité concourante (avec un index langagier issu de l’évaluation SECONDs) et la fidélité inter-juges. Le lendemain, les deux versions de la BERA seront réadministrées par l’évaluateur A afin de déterminer la fidélité intra-juge de l’outil. L’ordre de passation (versions 1 et 2) et des évaluateurs (A et B) sera randomisé.