Validation et normalisation d'une batterie d'évaluation de la mémoire de travail verbale chez les personnes atteintes d'aphasie

Abstract

L’aphasie, souvent consécutive à un accident à un accident vasculaire cérébral (AVC), est une déficience cognitive majeure qui perturbe le langage en raison de lésions cérébrales (Berthier, 2005). Ce trouble se manifeste par des altérations de l’expression et de la compréhension, tant à l’oral qu’à l’écrit (Chomel-Guillaume et al., 2010). Toutefois, les recherches actuelles mettent en lumière des déficit spécifiques de la mémoire de travail verbale chez les individus aphasiques, soulignant l’interaction essentielle entre langage et mémoire (Koening-Bruhin & Studer-Eichenberger, 2007 ; Martin & Ayala, 2004). Ces déficits, incluant des difficultés à stocker l’information, à traiter l’ordre sériel, et à contrôler l’attention, ont un impact considérable sur la vie quotidienne des individus (Vallat et al., 2005). Grâce à des conceptions théoriques récentes, telles que le modèle A-O-STM de Majerus (2010), une nouvelle batterie d’évaluation des différentes composantes de la mémoire de travail a été élaborée. Les tests inclus dans cette batterie permettent de cibler une évaluation spécifique des aspects « item » et « ordre sériel », ainsi que des capacité attentionnelles. Le but de ce mémoire était de standardiser les différentes épreuves de cette nouvelle batterie d’évaluation en prolongeant les recherches antérieures. Pour ce faire, un processus d’étalonnage a été réalisé, et les propriétés psychométriques des différentes épreuves ont été examinées chez les sujets sains âgés de 35 à 54 ans. Les résultats, bien que globalement satisfaisants, ont révélé des distributions non normales pour certaines épreuves, attribuées en partie à un effet plafond et à la taille réduite de l’échantillon, compromettant ainsi la sensibilité et la puissance statistique des résultats. L’étude a également exploré l’impact de l’âge, du niveau socio-économique et du genre sur les performances aux tests, montrant un effet significatif du niveau socio-économique, tandis que l’âge et le genre n’ont pas influencé les performances. Des difficultés pratiques, telles que la qualité audio des enregistrements, l’accent liégeois de certains participants, et les conditions de test, ont également été identifiées. De plus, certaines consignes nécessitent une clarification, et certains items nécessitent un remplacement. En conclusion, ce travail a contribué à la standardisation des tests de mémoire de travail pour l’aphasie, tout en identifiant des défis méthodologiques et des recommandations pour les recherches futures. Ces recommandations incluent l’augmentation de la taille de l’échantillon, la révision de certaines consignes et des items, ainsi que l’amélioration des conditions de test pour renforcer la validité des mesures et approfondir la compréhension des mécanismes cognitifs sous-jacents de la mémoire de travail verbale.