Effet de l'autoréférence et de la valence sur la croyance en l'occurrence d'événements futurs

Abstract

La pensée future constitue une partie majeure de notre vie mentale. En effet, nous pensons à notre futur en moyenne 59 fois par jour (D'Argembeau et al, 2011). Ces pensées ont un impact certain sur nos vies, nous permettant de planifier nos actions (Gollwitzer, 1993) ou encore d'adapter nos comportements vers une finalité désirée (Baumeister et al, 2016). La pensée future va notamment remplir un objectif de "self-enhancement" (p.ex. Selgado et Bernsten, 2020), permettant de construire des représentations qui vont venir appuyer une image positive du self (Grysman et al, 2015). Dans ce cadre, les événements futurs positifs ont une place prépondérante dans notre représentation de notre futur personnel. Nos représentations du futur vont donc être plus vivaces lorsqu'elles sont positives et qu'elles impliquent le self (Grysman et al, 2013; Jeunehomme & D'Argembeau, 2021). Cependant, la littérature n'a pas étudié l'impact de la valence et de l'autoréférence sur une caractéristique pourtant essentielle à la pensée future épisodique : la croyance en l'occurrence. Celle-ci consiste en un jugement de la réalité de l'événement, attestant dans quelle mesure nous avons l'impression que l'événement imaginé pourrait réellement arrivé. Ainsi, elle définit ce que nous estimons pouvoir faire partie de notre futur. L'objectif principal de ce mémoire était donc d'étudier le rôle de la valence et de l'autoréférence sur la croyance en l'occurrence d'événement futur. Pour ce faire, nous avons réalisé une expérience au sein de laquelle les participants devaient imaginer différents événements futurs, variant quant à leur valence (positif ou négatif) et quant à leur référence (nous concernant nous-mêmes ou une connaissance). Nos résultats nous ont permis de mettre en lumière non seulement un effet de la valence, mais également un effet de la référence sur la croyance en l'occurrence future. Cependant, nos résultats ne démontrent pas la présence d'un effet d'interaction entre la valence et la référence. À des fins exploratoires, nous nous sommes également penchés sur le contenu des événements ainsi que sur la manière dont les individus expliquent leur degré de croyance en l'occurrence. Les descriptions d'événements ont été analysées via LIWC, tandis que les explications de la croyance en l'occurrence ont été classées selon les catégories développées par Ernst et D'Argembeau, en 2017. De cette manière, nous avons pu mettre en lumière certaines différences entre les différents types d'événements imaginés, mais également envisager de nouvelles perspectives pour la recherche future.