La compréhension du processus de causalité chez les enfants porteurs du trouble du spectre de l'autisme

Abstract

La compréhension du processus de causalité est essentielle pour comprendre les relations entre différents éléments et événements, permettant ainsi d'établir des liens entre des connaissances antérieures et de nouvelles informations (Holyoak, 2012). Pour mettre en évidence ces liens, le raisonnement analogique est essentiel. Il consiste à identifier des similitudes relationnelles entre différentes situations (Christie & Gentner, 2014). Le raisonnement analogique est important pour le développement cognitif, aidant les enfants à faire des déductions et à transférer leurs apprentissages à de nouveaux contextes (Richland et al., 2006). Goddu et al. (2020) ont montré que les enfants de 3 à 5 ans peuvent comprendre des relations abstraites telles que la causalité lorsque l'expérimentateur fournit un cadre de comparaison implicite. Notre étude observe la compréhension du processus de causalité chez les enfants atteints de trouble du spectre de l'autisme (TSA) en comparaison aux enfants neurotypiques, afin de déterminer comment les enfants avec TSA perçoivent que l'action d'un agent peut entraîner une modification de l'état ou de l'apparence d'un objet. Les recherches indiquent que les enfants TSA privilégient la représentation perceptive des objets plutôt que relationnelle (Hetzroni et al., 2019) et ils rencontrent des difficultés avec les similitudes abstraites (Happé & Frith, 2006). Leur focalisation sur les détails peut influencer leur perception de l'environnement (Green et al., 2014). Par ailleurs, il existe une corrélation entre le raisonnement analogique et les fonctions exécutives (Green et al., 2014), et certains TSA présentent un déficit des fonctions exécutives notamment l’inhibition (Barron-Linnankoski et al., 2015). Ce mémoire évalue la compréhension du processus de causalité chez les enfants TSA par rapport aux enfants neurotypiques de même âge mental non verbal. Les résultats ne montrent pas de différence significative dans la compréhension de la causalité entre les deux groupes. Cependant, nous avons trouvé une corrélation significative entre l'inhibition et la compréhension de la causalité, en particulier pour le stimulus « visage ». Ce résultat est cohérent avec les études montrant des déficits d'inhibition chez les enfants TSA, ce qui pourrait expliquer leurs difficultés avec le traitement des visages. Enfin, les enfants TSA et neurotypiques ont montré de meilleures performances lors de la tâche expérimentale avec les stimuli "objets" qu'avec les "visages", montrant l'influence du type de stimulus sur la compréhension du processus de causalité. Les Matrices de Raven (raisonnement non verbal) se sont révélées être un bon indicateur des performances en compréhension de la causalité, avec des corrélations significatives entre les scores obtenus, l'âge et la compréhension de la causalité, soulignant l'importance du raisonnement non verbal.