Impact de la prématurité sur les habiletés de récit

Abstract

Introduction et questions de recherche : Plusieurs études mettent en évidence que les enfants prématurés présentent, déjà à l’âge préscolaire et en comparaison à des enfants nés à terme, des difficultés dans les sphères motrice, cognitive, neuropsychologique et langagière. En ce qui concerne le langage, les études ont principalement ciblé les habiletés relatives à la phonologie, au lexique et à la morphosyntaxe. Le domaine du récit est quant à lui peu exploré chez les enfants prématurés. Or, il se révèle essentiel dans la vie quotidienne. Cette étude vise donc à évaluer l’impact de la prématurité sur le développement des habiletés relatives au récit. L’influence du genre et du niveau socio-économique sur les épreuves de récit est par ailleurs évalué. L’étude poursuit également un objectif clinique puisqu’elle présente l’ébauche d’épreuves de récit à intégrer au bilan logopédique réalisé dans le cadre du « follow-up » des enfants prématurés. Méthodologie : Vingt-huit enfants grands prématurés et prématurés extrêmes (< 32 semaines) comparés à 28 enfants nés à terme. Les deux groupes sont appariés selon l’âge chronologique, le sexe et le niveau socio-économique. Le récit est évalué dans ses deux dimensions, c’est-à-dire le discours narratif et le langage informatif. Afin d’analyser le plus précisément les compétences des enfants, les deux types de récits sont évalués selon la macrostructure et la microstructure. Résultats : Les deux groupes obtiennent des résultats similaires pour la majorité des épreuves de récit. Une différence apparaît, pour une seule épreuve, au niveau des composants de la microstructure. Paradoxalement, ce sont les enfants prématurés qui sont meilleurs pour la plupart de ces mesures. Aucune influence de l’âge gestationnel et du genre n’apparaît. Le niveau socio-économique n’a que peu d’influence significative. Conclusion : Cette étude indique que les enfants prématurés ne présentent, comparativement à leurs pairs nés à terme, aucune faiblesse au niveau du récit. Elle souligne par ailleurs l’importance, d’un point de vue clinique, de proposer des épreuves qui permettent d’analyser celui-ci le plus finement possible.