Travail de fin d'études[BR]- Travail de recherche personnel[BR]- Travail d'expertise interdisciplinaireProblématique des inondations et qualité des eaux de consommation dans les zones périurbaines de la République du Burundi: cas de la zone de Gatumba

Abstract

Cette étude vise à évaluer la problématique des inondations et la qualité des eaux de consommation dans la zone périurbaine de Gatumba en République du Burundi, une région particulièrement affectée par les inondations depuis plusieurs années. L'impact socio-économique des inondations sur les communautés, l'analyse des eaux consommées et les facteurs de contamination d’origines microbiologiques, humaines etc ont été explorés sur quatre collines : Gaharawe, Mushasha I, Muyangue I et Kinyinya II. Les résultats montrent que les inondations ont un impact significatif sur la démographie et le quotidien des ménages. Sur les 340 ménages enquêtés, 29,7% sont de la colline Gaharawe suivie de Muyangue I (26,6%), Kinyinya II (26,2%) et Mushasha I (17,6%). En ce qui concerne le genre, la majorité des chefs de ménage étaient des hommes (69,12%), âgés principalement entre 31 et 40 ans (29,4%), avec un niveau d'éducation en majorité primaire. Les inondations répétitives généralement dues aux débordements du lac Tanganyika et de la rivière Ruzizi ont provoqué des dégâts socio-économiques majeurs entre 2011 et 2020. Les inondations de 2020 furent les plus sévères, affectant ainsi 45 681 personnes, détruisant 4974 maisons et causant le déplacement de 17 792 habitants. Ces déplacements massifs ont entraîné des conditions de vie précaires dans des camps de fortune. En 2024, le phénomène El Niño a aggravé la situation avec des pluies torrentielles et le débordement du lac Tanganyika inondant une grande partie de Gatumba. Environ 97,1% des ménages enquêtés ont déclaré avoir subi une inondation, dont la majorité réside en milieu rural. Les principaux impacts ont inclus la destruction des habitations (17,6%), des pertes agricoles (15,8%) et un manque d'eau potable (13%). L'analyse physico-chimique des six points d’eaux échantillonnés (Gaharawe, Mushasha I, Muyangue I et Kinyinya II, la rivière Rusizi et le lac Tanganyika) ont révélé des anomalies dans les sources d'approvisionnement. Les températures des eaux (27°C à 29,1°C) ont dépassé les normes de l'OMS et de l'UE (25°C). Les conductivités variant entre 1,3 mS/cm (Kinyinya II) et 2,7 mS/cm (Muyanue I) étaient globalement au-dessus des normes de l’OMS, tandis que le potentiel redox a varié de 148,2 mV (Mushasha I) à 187,48 mV (Gaharawe) pour les forages. Pour les eaux de surface, nous avons des valeurs de 171,9 mV et 191,7 mV respectivement pour le lac Tanganyika et la rivière Ruzizi. La teneur élevée en fer dans certaines sources d'eau, notamment le forage de Muyangue I (0,4mg/l), constitue également un problème. Pour les paramètres microbiologiques, le forage de Kinyinya II et les eaux de surface (Rusizi et Tanganyika) ont présenté les niveaux les plus élevés en coliformes totaux (>2419,6 CFU/100ml), et en E. Coli (98,18 à 2419,6 CFU/ml). Enfin, les causes de contamination de ces différentes sources d’eau étaient multiples : mauvais état des infrastructures d'eau (forages), manque d'accès aux latrines adéquates (44,4% des ménages en disposant, mais 96% sont inondées), pratiques agricoles et déjections animales. Environ 57,05% des ménages sont des exploitants agricoles, ce qui favorise la contamination des eaux, particulièrement en période d'inondation.