Travail de fin d'études[BR]- Travail de recherche personnel[BR]- Travail d'expertise interdisciplinaireInondations dans le bassin de la Rusizi, cas de Gatumba (Burundi).Analyse de l'évolution des facteurs de susceptibilité

Abstract

La zone de Gatumba est confrontée à des inondations aux conséquences importantes. Cette étude analyse l’évolution des inondations et des facteurs de susceptibilité afin de proposer des mesures de renforcement de la résilience locale. Diverses données ont été mobilisées : archives de presse, rapports humanitaires, enquête auprès de 264 ménages, données CHIRPS (1981–2024), débits fluviaux, images Landsat 4 TM (1990) et Landsat 8 OLI (2023), ainsi que des données topographiques et démographiques (WorldPop, 2020). L’évolution des inondations a été étudiée par une approche géohistorique soutenue par l’enquête de terrain. Les facteurs climatiques ont été analysés par une approche fréquentielle, l’occupation du sol par une analyse diachronique, les profils topographiques dans QGIS et la dynamique démographique sous Excel. L’analyse a permis d’identifier 33 épisodes d’inondations entre 2000 et 2024, dont 90 % après 2010, affectant plus de 76 % des ménages. La majorité des indices pluviométriques présentent une tendance haussière, à l’exception du nombre de jours de pluie (JP), en diminution, avec un pic observé en 1997. Les événements de 2017 (23,9 mm), 2018 (28 mm), 2019 (31,5 mm), 2022 (23,3 mm) et 2024 (23,6 mm) affichent des temps de retour (TR) compris entre 1 et 3,5 ans (normaux). En revanche, celui de 2020 (50,7 mm) est qualifié d’exceptionnel (TR de 42 ans), tandis que celui de 2021 (41,8 mm) est jugé très anormal (TR de 13 ans), et ceux de 2016 (37,4 mm) et 2023 (39 mm) sont considérés comme anormaux (TR de 7 à 9 ans). Les débits fluviaux sont restés dans la norme, à l’exception de l’année 2024, marquée par un débit exceptionnel (TR > 30 ans). La pente de la rivière est forte en amont et faible en aval à Gatumba. Parallèlement, les surfaces forestières ont régressé de 19,9 % (1990) à 14,8 % (2023), tandis que les zones agricoles et bâties sont passées de 58 % à 70,1 % et de 0,4 % à 4,9 %. La population est passée de 1,69 million (2000) à 2,7 millions (2020), avec une forte accélération entre 2010 et 2020. Cette récurrence, dans un contexte climatique globalement normal, suggère que des dynamiques humaines contribuent à ces phénomènes, justifiant des actions urgentes, structurelles et non structurelles.