La relation entre la mobilité/motricité orofaciale et la production de la parole des enfants francophones d'âge préscolaire avec et sans troubles des sons de la parole.

Abstract

La motricité orofaciale, en tant que fonction orale non verbale, et la parole, en tant que fonction orale verbale, connaissent toutes deux une évolution majeure au cours de la période préscolaire. Bien que leurs schémas moteurs diffèrent (Lof, 2007), ces deux fonctions reposent sur des voies sensorimotrices communes (Kent, 2015 ; Vashdi et al., 2020). D'un point de vue développemental, les compétences oromotrices se développent avant les compétences vocales et forment la base sensorimotrice du développement de la parole (Vashdi et al., 2020). La relation entre la motricité orofaciale et la parole fait actuellement l’objet de grands débats dans la littérature.

Ce mémoire s’inscrit dans la continuité de cette réflexion en explorant la relation entre motricité orofaciale et production de la parole chez des enfants francophones d’âge préscolaire, qu’ils présentent ou non un TSP. Pour ce faire, 144 enfants âgés de 3 ans à 5 ans et 8 mois ont été évalués : 108 enfants tout-venant et 36 enfants présentant un TSP. La motricité orofaciale a été mesurée à l’aide du sous-test « motricité » de l’OMES, et la parole par le calcul du PCC à partir d’une tâche de dénomination de la batterie EULALIES. Les enfants ont été répartis en deux groupes (TSP vs. NT) en fonction de leur score à l’épreuve de dénomination d’images de l’Exalang 3-6 (Helloin & Thibault, 2006).

Les analyses statistiques mettent en évidence une association significative entre la motricité orofaciale et la parole dans l’échantillon global. Toutefois, cette relation n’est plus retrouvée lorsque les groupes NT et TSP sont analysés séparément. En revanche, l'efficience de la motricité orofaciale permet, dans une certaine mesure, de prédire l'appartenance aux groupes TSP ou NT.

Ces résultats soulignent l’intérêt d’intégrer l’évaluation des NSOMs dans le cadre de l'évaluation de la parole. Bien que la relation entre motricité orofaciale et production de la parole ne soit pas systématique, notamment en raison de certaines limites méthodologiques et statistiques de notre étude, l'évaluation des NSOMs pourrait néanmoins constituer un indicateur clinique pertinent pour le repérage précoce des enfants à risque de TSP. Ces données, encore exploratoires mais encourageantes, ouvrent des perspectives de recherche prometteuses. Elles gagneraient à être approfondies par des études complémentaires, menées sur des échantillons plus importants et à l’aide d’outils spécifiquement conçus pour la population préscolaire.